En guise d'épitaphe pour une Vinothèque

Vous l’avez sûrement remarqué vous aussi : quand un chanteur anglophone – voire allemand, italien… mais c’est vachement plus rare – pousse la chansonnette  à l’écran, que ce soit le petit 81 cm (32 pouces pour les irréductibles qui comptent avec leurs doigts) de la télé ou celui du cinoche, il n’y a JAMAIS de sous-titres. On comprend aisément que la chanson ne soit pas doublée, c’est trop dur ; donc en V.O., ça le fait mieux, soit, mais pourquoi nous prive-t-on systématiquement de la traduction, puisqu’il y a un texte, ou un semblant de ? tenez, par exemple, Marilyn Monroe dans « River of no return » : pas de sous-titres. Idem dans Casablanca Play it again, Sam, « As time goes by »… sans traduction ! A vous de vous débrouiller si vous souhaitez comprendre de quoi il retourne, foncer sur la Toile pour y chercher a posteriori les paroles, embaucher un traducteur assermenté…

Je me faisais cette réflexion en regardant sur le petit écran 33 cm de mon ordinateur un clip musical montrant Mick Jagger et Amy Winehouse sur scène, tous deux armés d’un micro HF, tous deux glapissant des paroles totalement incompréhensibles, du fait du bruit ambiant, de la nécessité de se dandiner en rythme qui ne facilite pas l’élocution, et des ahannements du percussionniste à qui on n’a jamais expliqué que les baguettes ne servent pas  à cogner, mais à produire des sons. Le titre de la chanson était « Ain’t to proud to beg« , que je ne puis traduire, sauf si « to » est là pour « too » : eh bien, je ne suis pas fier de mon anglais, je n’ai rien compris.

(Bon, je suis allé voir sur la Toile, histoire de ne pas crever ignare, et ma foi, le refrain est d’une grande beauté, très très poétique, jugez-en :

Ain’t too proud to beg, sweet darlin
Please don’t leave me girl, don’t you go
Ain’t to proud to plead, baby, baby
Please don’t leave me, girl, don’t you go
.

Par chez nous, ça donnerait quelque chose comme « Ne me quitte pas ma douce louloute, mon bébé, ouawouawoua, ouawouawoua,  je ne suis pas d’humeur à te supplier, à plaider ma cause, ne t’en va pas« . C’est fort, non ?  )

Bref, je vous le dis bien honnêtement, je n’irai pas séance tenante m’acheter le dernier CD d’Amy Winehouse, le commander sur la Toile, l’emprunter à  la médiathèque de Bourmoil-sur-Durolle. Que certains l’encensent posthumement, comme on balance l’encensoir sur le cercueil, d’accord, ça ne mange pas de pain. Que le chroniqueur du Monde déraille et s’excite sur cette artiste « rimbaldienne », rien que ça, je comprends moins. L’Arthur, c’était lui aussi la dérive, toutes amarres larguées, le dérèglement de tous les sens, certes… PLUS le talent. Ne confondons pas.

Tibert

3 thoughts on “En guise d'épitaphe pour une Vinothèque”

  1. « Ain’t too proud to beg » ça serait plutôt « je ne suis pas assez fier pour ne pas supplier »

    1. Ben non, littéralement c’est « pas trop fier pour supplier », sinon ce serait du genre « I’m not too proud to not beg ». Bref : pas très clair !

  2. « to not beg » c’est pas possible. « not to beg » si tu insistes vraiment mais de toutes façons ça revient à la case départ avec la double négation, et ça voudrait dire  » I’m too proud to beg ».

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