Et les tags, pour faire jouli

Le Monde nous le proclame : en une décennie, le phénomène des voitures brûlées – 40.000 cette année, pas mal pas mal, ça explique aussi les records de commandes de voitures neuves –  s’est banalisé. Et de se demander gravement : pourquoi, mais pourquoi, grands dieux ? on est les seuls en Europe à faire ça…

Premio, ce n’est ni banal ni normal, c’est dégueulasse. Et que le pays en vienne à trouver ça « normal » en dit long sur le niveau de résignation qui est le nôtre, sur le degré d’indifférence de la police, sur le degré d’impuissance de la justice, ou vice-versa. Quant à l’Etat français, il a baissé les bras : voyez avec votre assureur ! Monsieur Hortefeux trouve d’ailleurs super et très gratifiant qu’on ait cramé 10 voitures de moins que l’an dernier : gros succès personnel !!

Deuxièmo, remontons le temps, avant que les incendies de voitures deviennent aussi banaux que de cracher par terre : rappelle-toi, Barbara, le paysage a bigrement changé depuis bien plus d’une décennie, justement. Outre qu’il fut un temps où ça ne se faisait pas de cracher par terre, il me souvient des tunnels de métro où se lisait sur la grisaille des murs, au passage des rames : « Dubo… Dubon… Dubonnet » ; ne cherchez plus Dubonnet maintenant : ce ne sont que tags, tags partout, sur les voitures, dans les voitures, sur les vitres, les sièges, sur les murs des stations, dans les tunnels : des tags. Il y a même eu un ministre socialiste pour trouver ça très bien – à condition que ça ne se fasse pas sur les murs de son immeuble, mon mais sans blague.

Le tag fait partie du paysage urbain, dorénavant ; comme dit l’autre, il s’est banalisé, tout délictueux qu’il soit. Pour les surfaces vitrées, c’est plus pérenne de « tagger » avec des  stylets du genre diamant de vitrier, en labourant profondément : ça laisse des traces irréparables  ; la RATP ou le propriétaire des vitres n’a plus qu’à les changer…  ou faire avec. D’ailleurs la RATP a jeté l’éponge, elle laisse maintenant les vitres comme elles sont, rayées un peu, rayées à mort, tant pis. Le tag est ainsi devenu banal, quasi besogneux, limite ennuyeux…  alors comment se remotiver, retrouver du plaisir à salir et détruire ? pardi, en brûlant des voitures !

Le tag : on a laissé faire. Les voitures brûlées : on laisse faire. Le prochain truc, c’est quoi ?

Tibert

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