Cinquante nuances de jaune

Juste un petit billet, histoire de ne pas ajouter des commentaires ineptes et / ou redondants à la flopée de commentaires tout partout sur les élections européennes. Je m’intéresse ici aux petits, aux sans-grade, etc : les vingt-quatre listes du bas du classement qui se sont fait 9,1 % au total (le PCF – Le Grand Parti de la Gauche, qu’y disaient – dixième avec 2,5 %, échappe à ce triste et global « autres listes« , peut-être par politesse).

Vingt-quatre listes pour 9,1 %, et toutes sous les 1% : voilà qui donne du moins de 4/1.000 chacune en moyenne. Les 0,8 % des trotskistes de Lutte Ouvrière, ce cénacle hermétique et fossilisé, font presque aussi bien que les deux listes « jaunes » additionnées, soit < 0,5 % chacune. Où est passée la vague jaune ? on s’accorde, dans les milieux bien introduits, à chuchoter qu’elle est allée grossir le flot de la Marine, ce qui ne surprendra guère, au vu des deux thèmes récurrents présentés tous les samedis depuis six mois, MacronDémission et ToujoursPlus. Preuve que ce mouvement protéiforme, derrière un élan sympathique, frais, novateur, salutaire, s’est perdu, incapable de se structurer – d’ailleurs, comment structurer un joyeux bordel ? – et dilué dans la Politique. On observera des reflets jaunes au RN, voilà tout, et ça ne surprendra personne, ledit parti ayant depuis le début fait la danse du ventre et les yeux doux aux chasubles bouton d’or.

Allez, une satisfaction tout de même : la Droite LR prend une baffe, incapable de faire son aggiornamento avec des têtes et des thèmes crédibles (mais fait mieux que le « fils-de » Raphaël Glucksman, et que le Lider Maximo des Insoumis) ; et puis je ricane – excusez, c’est nerveux – à constater la piteuseté de la liste Hamon (3,3 %), ce virtuose de l’écriture inclusive et du déni de réalité, encore plus piteuse que celle du souverainiste Dupont-Aignan, ce qui n’est pas rien !

Une distribution de baffes, donc, ce scrutin ; rassurez-vous, ça continuera comme si de rien n’était. Ne pas tirer les leçons de ses échecs, c’est le B-A-BA de la politique, avec un tout petit p. La politicaillerie.

Tibert

La européenne Kitchen, snaking et petits flyers

( Hier je poussais par nécessité un caddie  dans un centre commercial… dans l’Ouest. Il y avait là un self affublé, au dessus de son entrée, de trois grosses pancartes : Snaking, La Kitchen, Burgers. C’était en France, je vous assure, je n’avais pas passé le Channel  ! dire que Guillaume le Bâtard normand l’avait traversé, lui, pour aller mettre la pile aux Anglais dans les années 1066, et que nous nous faisons coloniser notre bouffe, nos cambuses, nos petites faims, nos mâchons… à quand le funeste haggish – la panse de brebis farcie – au menu ? )

Mais passons… les z’européennes : vous savez quoi ? il semble que le seul véritable enjeu sera de voir si le RN va faire la nique à LAREM, ou l’inverse. C’est finalement assez simple, nonobstant les trente-quatre listes. Non mais, trente-quatre listes… vous voyez le grotesque de la chose ? en moyenne 3 % des voix chacune. Sachant que la moitié des gens ne se dérangeront pas pour voter, ça fait du 1,5 % des inscrits… rien, quoi ! Il faut souligner ici l’immaturité, la bêtise infantile de toutes ces chapelles – surtout à gauche, mais pas que – qui revendiquent leur doctrine exclusive et vaine, incapables de passer sur des points de divergence dont tout le monde se contrefout, vu que ça mouline dans le vide : chacune son ego sur ses ergots, toutes différentes, toutes insignifiantes.

Un mal pour un bien ? formons le voeu que, comme aux législatives de 2017, les petits papiers à glisser dans l’enveloppe qu’on glisse dans l’urne ne seront imprimés qu’au recto : j’en aurai pour six-sept mois, ça me fera trente-trois listes de courses à fixer sur la porte du frigo, aux fins de suppléer ma mémoire en trous de gruyère.

Tibert