Gentils Lupins et vilains buralistes

Un de ces récents soirs (*), à la télé, où l’on nous serine la soupe des infos vespérales – bien prémâchées, les infos, digestes et lisses :  un braquage de plus, le 72.527 ème, c’est un bureau de tabacs dans le Sud-Est : “Le braquage s’est mal terminé…”, dit en substance la spiquerine, “…le buraliste a tiré avec un fusil chargé de balles en caoutchouc et blessé un des braqueurs gnagnagna…“…

Qu’est-ce qu’un braquage qui “se termine bien” ? on aimerait avoir des éclaircissements là-dessus, que la spiquerine nous explique comment on s’y prend pour un braquage sans éclaboussures, un braquage “happy end”.

Autre : ce matin, Le Figues’haro nous en sort une autre qu’elle est savoureuse : dans l’Oise, quatre cambrioleurs de jour, cagoulés et gantés, qui trouvent les enfants à la maison… c’était pas prévu au planning… ils improvisent, les ligotent, les parquent à l’étage pendant qu’ils foutent la maison à sac à la recherche du fric supposé. “Ils les ont surveillés tout en fouillant la maison, mais n’ont commis aucune violence physique sur eux. ‘ Ils leur ont même apporté du lait et des biscuits. Il n’y a pas eu de violences physiques proprement dites. Ils ont fait attention à ne pas les traumatiser ‘, assure le parquet.”

Donc se pointer cagoulé et ganté, agripper et ligoter ce n’est pas de la violence physique ? c’est juste pour de rire, pour jouer aux cow-boys et aux Indiens ? on se fout du monde, là. Le parquet, l’anonyme parquet de l’oise qui nous sort cette connerie, je voudrais voir la trombine du communicateur “Ils ont fait attention à ne pas les traumatiser» si on lui faisait le même coup.
Le prochain braquage, les mecs, mettez des nez rouges, apportez des mirlitons et des amuse-gueules, et puis surtout faites gaffe à pas traumatiser vos victimes, faut que “ça se termine bien”, comme on dit.

Tibert

(*) Vous entendez comme ça sonne ? c’est pas beau  ?  “récents soirs” : récensoir… sssss… j’adore ces allitérations. Pour qui sont ces serpents qui sifflent gnagnagna…

Repu de vresse

Il y a deux jours, un Ministre du Budget interrogé sur le sentiment de Normal-Premier vis à vis de la polémique sur les Roms : “Le président est au-dessus d’un certain nombre de contingences. Ce qui compte, c’est que la ligne soit tenue“. Certes ! si en d’autres temps monsieur Kadhafi a pu planter sa tente sur les pelouses de Matignon, Moi-Président ne risque guère de voir débouler une quarantaine de caravanes dans la cour de l’Elysée, qu’on y tende des cordes à linge, et qu’on y déglingue la borne à incendie pour s’approvisionner en eau courante et gratuite. Les contingences, c’est pour d’autres.

Hier mardi des “Femen” canadiennes ont surgi à l’assemblée Québecoise, dépoitraillées comme d’hab’, criant des slogans hostiles aux religions – elles entendaient protester contre le crucifix qui orne la salle des débats. Sur leurs nichons était écrit “Crucifix, décâlisse” (crucifix, dégage ! en français de France). Je suis bien aise de constater qu’au Québec les Femen se peinturlurent les têtons en québecois, contrairement à nos Femen  européennes, qui même à Notre-Dame-de-Paris se barbouillent la poitrine et hurlent en anglais, ces connes ! nous pas comprendre.

Remarquez, si on pousse la logique femenesque, il va falloir trouver d’autres jurons orduriers chez nos cousins du Québec : “calice, ciboire, hostie, tabernacle, crisse…” : les linguistes ont du travail.

J’apprends enfin avec satisfaction que le Berlusconi transalpin a du plomb dans l’aile. Il a 77 ans – il ne les fait pas, au vu de son bronzage et si ses cicatrices de lifting ne craquent pas – et devrait enfin sérieusement songer à la retraite. Malgré ses récentes manoeuvres tordues et sa tentative de chantage pour rester dans le jeu politique et se soustraire à son sort judiciaire, il semble qu’il tire, enfin, ses dernières cartouches. Berlu, décâlisse !

Tibert

Pas un chaland en amont, en aval

C’est du Jules Faforgue, ce vers. Tenez, ça s’appelle “Dimanches“, c’est le premier d’une série de 6 poèmes. Le Jules, là, les dimanches et leur vacuité l’ont beaucoup inspiré.

Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve,
Il pleut, il pleut, bergère ! sur le fleuve…

Le fleuve a son repos dominical ;
Pas un chaland, en amont, en aval.

Les Vêpres carillonnent sur la ville,
Les berges sont désertes, sans idylles…

Bon, vous lirez le reste, c’est superbe, et Laforgue en général c’est superbe. Tout ça pour vous redire – je l’ai déjà exprimé – que la vacuité du dimanche, c’est à préserver. Le seul jour de la semaine où les bagnoles ne vrombissent pas dès 6 heures, où les camions de livraison foutent la paix, où l’on entend les cloches tinter, où les trottineurs (les joggeurs en franglais ) peuvent se faire suer en survêtement avant d’aller faire la queue à la boulangerie pour se munir de croissants bien au beurre…

Le seul jour de la semaine où les immondes zones de chalandise banlieusardes sont désertes : les hangars cubiques et peinturlurés façon criard des HallesAuxGrolles, des MisterCanapé, des ChefBricolage et leurs parcs à bagnoles enfin vides. Le temps de zoner au fond du lit, d’écouter un bon vieux podcast mis de côté, le temps d’une sieste crapuleuse, de cuisiner un risotto artichauts-crevettes, d’aller aux champignons, ad libitum.

Regardez bien, écoutez bien, goûtez bien l’ennui, la lenteur des dimanches, et puis le spleen du soir  pour ponctuer tout ça : ce sera bientôt mort. Il faut pouvoir faire bouillir la casserole après y avoir mis quelque chose dedans, pouvoir consommer, assurer le ravitaillement, se trouver des godasses, acheter de l’enduit à reboucher en sacs de 5 kilos, tout ce qu’on ne peut pas faire les autres jours. Il va falloir travailler aussi le dimanche.

On fera week-end par roulement… moi le dimanche ce sera mardi, toi jeudi, les bagnoles vrombiront 7 jours sur 7, il n’y aura de parcs à voitures déserts que la nuit – et encore… ! – et on se verra… je sais pas, moi, peut-être en nocturne chez Carrouf’, nous croiserons poétiquement nos caddies au rayon Fruits-et-légumes, qui sait ?

Tibert

Sac de noeuds-noeuds

Je relis les livraisons journaleuses obsolètes qui le méritent, certains jours de désoeuvrement, savez-vous. Ce matin tôt, donc, c’est un bon vieux Libé épais et fourni, celui de samedi-dimanche dernier (avec une grosse accroche en Une sur le terme  islamophobie, auquel est consacré tout un cahier). Surtitre en page 10 :

Nombre de sites dénonçant les actes anti-islamophobes sont l’oeuvre de personnages controversés“.

Oulà oulà…

Voyons voir, voyons voir…. reprenons.

Un islamophobe, ça n’aime pas les Musulmans.

Un anti-islamophobe, ça combat ceux qui… (voir plus haut) : en gros c’est donc favorable aux Musulmans, vous suivez ?

Soit un islamophobe… disons un gars qui va partout se moquant, par exemple, des femmes voilées dans la rue. Les pointant bêtement du doigt en s’esclaffant. Un islamophobe assez rustique, disons-le. Appelons-le Albert.

Un anti-islamophobe, c’est donc quelqu’un qui combat Albert. Un acte anti-islamo-gnagnagna, c’est par exemple un grand coup de latte dans les chevilles d’Albert l’islamo-chose.

Dénoncer les actes anti-islamophobes, c’est protester contre les violences envers Albert : “Garnements, pourquoi vous en prendre à ce pauvre Albert, qui pourtant ne fait qu’être islamophobe“.

Il paraît donc qu’il y a des sites Houèb qui sont spécialisés là-dedans : dans la dénonciation des actes anti-islamophobes – entre autres dans la défense d’Albert, pour terminer sur notre exemple. C’est ce que titre Libé. Et ce seraient des sites tenus par des personnages controversés, mais bon, ça on s’en moque, restons concentrés sur notre noeud logique.

Sites cités par Libé  : Islametinfo, Islamotion, Al-Kanz, Saphirnews (“proche des Frères Musulmans”, dixit Libé). Que des sites favorables à l’Islam, très clairement. Qui sont paradoxalement, toujours suivant le titre, engagés dans la défense des islamophobes.

Résumons-nous : Libé titre exactement le contraire de ce qu’il développe dans l’article. On s’est pris les pieds dans le tapis, à Libé. Vous suivez toujours ? vous êtes bien bons.

Tibert (pcc Kurt Gödel)

Touit-touit rien pu dire

Un article bien tendancieux, façon Noël Mamère l’amer me fait bondir, tant c’est faux, trafiqué, bourré d‘a priori, d’antiphrases, de supposées évidences, de racolage de gôche : vous vous ferez une idée, c’est dans Rue-89. Infect, quoi.

Bon, je vais pas laisser passer ça, je clique donc, irrité, indigné, sur l’icône Touitteur en bas de l’article pour balancer un commentaire bien senti accompagnant l’adresse de la page Wouhèb où niche la tribune mamèresque. Vous en déduisez immédiatement que l’ai un compte Touitteur, bravo, vous suivez.

Et donc la petite fenêtre Touitteur habituelle apparaît, et m’affiche l’habituel cadre où je suis fondé à inscrire 140 caractères, pas un de plus – à la suite de l’adresse de l’article incriminé, évidemment (et mon identifiant-mot de passe, gnagnagna)…

…ma parole, le compteur de signes m’indique – 11 : j’ai déjà dépassé et j’ai rien écrit ! C’est ignoble : on ne peut pas commenter, on en a déjà trop dit, rien qu’avec l’adresse http://blogs.rue89.com/chez-noel-mamere/2013/09/23/bijoutier-de-nice-la-france-peur-et-nous-sommes-tous-des-assassins-en-puissance-231199 : je suis sûr qu’il l’a fait exprès, Samère. Il aurait mis un titre plus court, j’aurais pu lui voler dans les plumes ; mais là, macache. j’en suis réduit à protester sur mon blog – heureusement que c’est moi qui fixe les limites, c’est MON blog.

Tibert

Phobie : …u-e

Pour beaucoup, l’islamophobie est devenu un racisme acceptable“, titre ce matin en gros, assez gros et en détail le Libé du lundi.

Et voilà ! une fote d’ortograf en gros titre à la Une, qui aurait dû ne pas échapper au regard attentif des correcteurs dudit canard, s’il en existait. Devenu-u-e, pas -u.  Islamophobie, mot féminin, et donc “devenu”, qui ? l’islamophobie, s’accorde au féminin, devenu-e, c’est pourtant pas compliqué.

Pourquoi “islamophobie” est un mot féminin ? parce que “nimportequoiphobie” est féminin, vu que la phobie est féminine, et à juste titre : c’est bien des femmes de tomber en pâmoison à la vue d’une araignée.

Quant à ce titre mal écrit et tendancieux, quant à ce qu’il véhicule, disons qu’il mérite un bon coup de gueule, et pour trois raisons :

– Premio, l’islam est une religion – très très politisée, d’ailleurs, mais bon… – et rassemble des Blancs, des Arabes, des Asiatiques, des Noirs… toutes les couleurs. Où est le racisme là-dedans ? quelle “race” est visée ? Remarquons, en outre, qu’il n’y a pas un, mais des Islam(s) : Sunnites et Chiites, par exemple, et en plus ils ne s’aiment pas.

– Deuxièmo : avoir de l’aversion pour, “phobir” (merci Ségolène pour ce néologisme hardi), c’est bien normal. On ne peut pas tout aimer, sinon “aimer” ne signifie plus rien. Je persiste : j’ai horreur de, je déteste la musique de Wagner, et ce n’est pas du racisme musical, et c’est bien normal, tant c’est mauvais.

-Troizio, le jour où les Musulmans normaux et raisonnables protesteront en masse et vigoureusement contre les attentats, les attaques-suicides, les massacres dans les églises, les prises d’otages commises au nom d’Allah par des fanatiques se déclarant Musulmans, on pourra commencer à considérer cette religion comme fréquentable. Les derniers évènements ne sont pas encourageants de ce point de vue : avant-hier, attentat devant une église, 53 morts et plein de blessés à Peshawar, au Pakistan. Et ça ne les défrise pas, au Grand Islam de France. Ils sont bien trop occupés à préparer la fête du mouton en octobre.

Tibert

Sénat… turellement non

Eh oui, le Sénat dit NON à l’abolition du cumul des mandats, qui en finirait avec un scandale chronique chez nous : des gens dont on voit périodiquement et partout affichée la trombine avenante, vous invitant instamment à leur confier une mission – vous allez voir comme je vais être bon ! je vais me consacrer à vous corps et âme –  et qui ensuite viennent vous en réclamer une autre, vu que finalement l’herbe est plus verte ailleurs également. Des pros de la politique, qui savent bosser 48 heures par jour au vu de leurs attributions, qui bouffent les emplois des autres, se cramponnent souvent jusqu’à plus d’âge à leurs multiples casquettes et vous serinent inlassablement que pour “nourrir” leur activité parisienne il leur faut un “ancrage” local (et vice-versa, évidemment : une grosse légume à Paris ne peut que faire du bien localement, pas vrai ? “J’ai le bras long, vous aurez de mes nouvelles, mon ami…“).

L’ancrage local ? vous l’avez ipso facto, sénateurs de mon coeur, ça fait partie de vos attributions de sénateurs, de fréquenter, d’être à l’écoute, de représenter, dans le cadre de votre travail, les instances décisionnaires locales. Evidemment, c’est moins reluisant, plus plouc que le Palais du Luxembourg, mais bon, on vous rembourse vos frais de déplacements.

Evidemment aussi, quand on reste 9 ans à fréquenter assidûment la cantine gastronomique du Sénat, on perd un peu le sens des réalités provinciales… façon de corriger une aberration de la Constitution – 9 ans, c’est beaucoup trop long, et ça s’encroûte donc ferme au Sénat – par une autre, le cumul des casquettes, qui est aussi un déni de démocratie et une violation du Droit du Travail.

Mais quand donc Normal-Premier s’avisera-t-il que pour “nourrir” son action à l’Elysée il lui faut derechef et tout de suite un poste d’ “huile” locale à Tulle ? c’est ça qui serait bien, qui lui nourrirait sa pratique parigote. Et le Chef du rayon Boucherie chez Carrouf’ à Niort, pourquoi ne “nourrit”-il pas son action chez Carrouf’ en occupant un deuxième emploi plein temps comme magasinier aux Galeries Farfouillettes ?

Et monsieur Raffarin, sénateur et ex-Premier, qui nous joue les pères-la-morale sur les acoquinements supposés, possibles, potentiels… de certains ténors de l’UMP avec le vilain parti de madame Le Pen : ouh que c’est pas beau ! en revanche ça ne le défrise pas du tout, et il est pour, qu’un élu de la République se fasse élire en rafales, se moque de ses électeurs et occupe inefficacement et indûment deux postes (trois, quatre..). La morale républicaine a certaines souplesses à certains endroits, voyez-vous.

Tibert

Sont-ce des laïks laucoste ?

Phénomène de société avancée (comme l’escalope restée trop longtemps dans son emballage au soleil), le Fesse-Bouc national bruit de ce fait divers affreux, de ce 4.827 ème bijoutier braqué depuis le début de l’année, cette fois-ci à Nice. Il se trouve que là le “cave” s’est rebiffé trop fort, proportionnant mal sa riposte à l’agression : menacé de très réels fusils à pompe mais juste humilié et frappé à coups de crosse, il aurait dû se contenter de les humilier en retour, les menacer de son calibre, sans en faire usage, une fois qu’ils avaient tourné casaque et enfourché leur scooter, l’affaire faite. Vous connaissez tous l’histoire, reportez-vous à vos canards chéris, qui défendront l’un (14 condamnations au compteur, certes, mais c’était un bon petit gars, un peu paumé… il allait être papa, il avait besoin d’argent…) ou l’autre (il demandait juste à pouvoir travailler en paix, fallait pas venir lui chatouiller les doigts de pied…).

Notons tout de même cette ahurissante déclaration d’une soeur de la victime (le bijoutier agressé c’est l’agresseur, le braqueur c’est la victime, ne confondez pas), qui déclare dans le Figues-haro “nous avons été élevés ainsi, dans le respect de la justice“… le sens qu’elle donne au “respect de la justice” pose manifestement problème : nous n’avons pas les mêmes valeurs, comme disait l’amateur de rillettes.

Mais bon : 1,2 millions de “J’aime” pour la page Fesse-Bouc qui prend la défense du bijoutier : c’est boucoup ! et naturellement les sceptiques font dans le dénigrement, c’est bidonné, ils ont acheté des “Likes” par paquets de 10.000, c’est une manip’ du FN, etc. Vous pourrez voir ce genre de réactions partout. Je ne prends pas parti, je n’en sais rien, n’ayant pu compter. Ce qui est rigolo, c’est que, discret comme on le connait, Fesse-Bouc permet de savoir QUI a “aimé” (laïqué, en fessebouquien). Décoiffant !

Cerise sur le bateau, on se gargarise d’anglicismes à ce propos. Rue-89 y va d’un savoureux  likes low-cost d’une grande élégance. C’est bien la peine que Fesse-Bouc Corporécheun se soit fait suer à mettre des boutons “J’aime” en vrai français : ces votes achetés en masse, qui sait ?  ce sont des J’aime pas chers, ma chère, et ça vous a tout de suite une autre gueule.

Tibert

PS : parcourant le Monde quelque peu après avoir publié ce machin, je ne puis résister au plaisir de vous recommander cette délicieuse lapalissade, en forme de truisme, de notre Ministre des Phynances : ” la dette publique va atteindre un maximum, puis décroître“. Les matheux apprécieront…

Martin n'est pas Samira, et alors ?

Un fort utile article du “Monde” nous raconte les “fraudeurs en équipe” (je vous signale également un autre article, celui-là du Figues-à-rôts, nous posant gravement la question : “La circoncision réduit-elle le plaisir ? “, mais je vous laisse le soin de le lire, soucieux de ne point réduire votre plaisir). Et parmi les diverses informations sur la fraude aux transports, mutualisée ou pas, les contrôles signalés illico sur Touitteur (“illico”, c’est aussi rapide que “en temps réel”, et c’est plus savoureux), sur les techniques de truandage, il y a ces gens qui, le croirez-vous, utilisent des billets Eurostar qui ne sont pas à leur nom.

Horreur ! Martin voyage en Eurostar avec un billet au nom de Samira. Vous vous rendez compte ? non ? vous ne vous rendez pas compte ?

Eh non. Moi je ne vois pas pourquoi, ayant acheté une place dans un Eurostar Paris-London,  le 31 février 2014, je serais obligé, MOI, de m’asseoir moi dans la place ainsi réservée, disons voiture 7, place 64. Qu’est-ce que ça peut leur foutre, à Eurostar Corporécheun, que ce soit moi, ma soeur ou la nièce de ma concierge qui voyage voiture 7, place 64 ? du moment qu’elle voyage normalement, la nièce de ma concierge, qui ne boit pas du pinard au goulot en rotant, qui n’étale pas ses godasses pleines de bouse sur le fauteuil d’en face, qui ne menace pas ses voisins avec un surin quand ils protestent de son camembert posé sur l’accoudoir.

Bon d’accord, carte Sénior, s’Miles, de fidélité indéfectible, de réduction-Sion, de famille pléthorique, de militaire à terre, de voyageur vraiment fréquent… certes, si c’est Samira qui a droit au tarif “Spécial Samira-et-rien-qu’elle”, Martin ne peut pas voyager à sa place. Soit. Mais dans tout autre cas ?

Si j’achète un camembert, justement, il n’est pas nominatif, que je sache ? une place de théâtre, un billet de cinéma, une entrée à une expo… pourquoi serait-ce nominatif ? j’achète une place, elle est à moi, j’en fais ce que je veux – dans la limite des règles de bonne conduite, d’accord.

Les compagnies aériennes nous ont insidieusement habitués à accepter cette même anomalie : le fauteuil d’avion, ça ne se refile pas à un ami, un parent, ça ne se revend pas. Admettons que si je le revends, mon billet, à un émule de Ben Laden, on puisse y trouver à redire. Mais les contrôles aux aéroports et aux frontières sont là justement pour écarter les individus fichés, dangereux, armés etc. Alors ?

Alors c’est tout simplement abusif, sauf exception tarifaire dûment justifiée, de délivrer des billets nominatifs. Mais apparemment je suis seul à protester, comme d’hab’. Je vais finir par passer pour un râleur, ma parole.

Tibert-grrrr

Tiercé funèbre

On nous bassine et nous culpabilise à fond à fond avec les chiffres des accidents de la route, et ça va réprimer encore plus dur, tant c’est facile, high-tech, peu dangereux – et ça peut rapporter gros. On a donc ce problème très à coeur en haut lieu. Les chiffres ? chauffards, assassins, mauvais citoyens, malchanceux, nous avons eu 3.334 morts sur les 12 derniers mois et sur les routes. Détail curieux, c’est exactement trois dixièmes de 10.000 Français : 3.333,3333333… arrondis au cadavre entier immédiatement supérieur. Aff-freux !

Mais il y a 6 fois plus affreux : les accidents domestiques. Vingt-mille morts par an, les amis ! la perçeuse ou le sèche-cheveux dans la baignoire, l’escabeau fatigué ou la tronçonneuse invasive : six fois plus. Vous imaginez le fric que le gouvernement pourrait récupérer en infligeant des amendes aux accidentés domestiques ?  hélas, ils sont difficiles à flasher, les bricoleurs maladroits et / ou malchanceux qui oublient de coudre leur numéro Sécu bien lisible dans le dos.

Les suicides en Europe
Hit-parade dépressif

Médaille d’Argent, pour finir sur une note triste : les suicides : 10.300 suicides environ l’an dernier. Trois fois plus que de morts sur la route. Voyez ce graphe : on constatera que nous, Français, sommes seconds en Europe juste derrière les Belges, une fois, et largement devant les dépressifs suicidaires Allemands.

Pourquoi derrière les Belges ? c’est assez compréhensible : avec un ciel si bas qu’il fait l’humilité, avec un ciel si gris qu’un canal s’est pendu, le Belge a de quoi déprimer ferme. Et nous, pas beaucoup moins, surtout les cinquantenaires mâles et Bretons : voyez ce lien . Cerise sur le rateau, nous – pas moi précisément, moi ça va encore, mais “nous” – nous suicidons, nous Français, 5 fois plus que les Grecs ! comme quoi le pastis vespéral sur le guéridon Confomama acier-verre du living-roume, dans le F3 au 4ème étage, face à la barre des HLM lépreux de la cité Thaurice Morez  se révèle singulièrement plus déprimant et suicidogène que l’Ouzo pris sur le port, avec des olives et les copains du club de foot.

Tibert