Entre rancitude et nauséabonderie

Je lis ce matin un article du Fig’ragots… le titre interroge : « Pourquoi la droite belge ne peut plus gagner à Bruxelles » (une fois) ; le contenu, libre d’accès, interpelle carrément. Citation : « Appliquant les théories de Terra Nova, le PS bruxellois, qui domine la région depuis 20 ans, autrefois chantre de la laïcité, est devenu islamo-compatible et compte désormais deux tiers de ses élus d’origine musulmane jouant à fond la carte communautaire » . Je n’ose ici évoquer la théorie – nauséabonde, rance, envie de vomir… voilà le vocabulaire que la Bonne-Pensée déploie dès que le concept est énoncé – du « grand remplacement » , mais avouez que ça en évoque des prémices.

Sur ce, je constate, toujours sur le même canard, que monsieur Faure, le Grand-Chef en chef du PS officiel, annonce que sa formation participera au débat, débat sur le droit du sol, l’identité nationale, et donc l’immigration – 350.000 entrants officiels l’an dernier, soit la population de Nice, en un an. C’est louable, clair, et donc bravo pour l’engagement citoyen ; pas de dérobade derrière des postures et des anathèmes. Monsieur Faure ne se cache pas non plus derrière son petit doigt ; il annonce d’emblée son credo, que le Figaro reprend ainsi : le PS entend « défendre une France métissée, pluriculturelle et plurireligieuse » .

C’est dommage, mais pour moi il a quasiment tout faux. Le plus facile : plurireligieuse ? elle est officiellement laïque, la France, et surtout ne changeons rien. C’est-à-dire que chacun est libre de croire, ou pas, à ce qu’il veut, du moment qu’il ne prétend pas imposer ses dogmes – ses lubies, ses certitudes, ses théories fumeuses – aux autres ; la sphère publique est sans-dieu (*).

Métissée ? pourquoi forcément métisser ? ils ne sont pas bien, nos ancêtres les Gaulois ? on en a honte ? le métissage se fait tout seul, pas besoin de pousser… le brassage des chromosomes, avec 65 millions de citoyens, ça garantit une diversité suffisante, aucun risque de consanguinité. Et donc, si Jules s’éprend de Farida (et vice-versa, acceptons-en l’augure), très bien, bon vent ! mais pourquoi déconseiller Hortense à Jules ?

Pluriculturelle ? on aura du mal, bientôt, à définir le terme « culture » tant ça part en eau de boudin, et à vue d’oeil. Entre les réseaux-poubelles, l’appauvrissement de la lecture et du langage, la démission des enseignants, l’influence dominante (pas fameuse) des USA, le snobisme du moche et du n’importe-quoi comme « art » , notre estimable patrimoine culturel ne pèse pas lourd. Si l’on pouvait tenter de le protéger quelque peu, au lieu de le dénigrer et le saper consciencieusement, ce serait louable et courageux. J’entends d’ici les cris d’horreur : rance, passéiste… suite de la litanie des anathèmes : nauséabond, envie de vomir, et puis tiens, tant qu’on y est : les heures les plus sombres.

Tibert

(*) Quant aux religions qui ambitionnent d’occuper et régir la sphère publique – je n’en vois qu’une – c’est clairement contraire à nos principes.

Bientôt la retraite

( Juste une citation d’un lecteur du Monde, réagissant aux annonces du nouveau budget 2025 de la nation : « Si seulement cet argent était bien utilisé mais c’est un puits sans fond…. ce doit être désespérant de payer autant d’impôts pour rien » . Cet homme commentait le nouveau train d’impôts « temporaires » (tu parles, Charles !) supposé nous sortir de l’ornière de la dette ; mais on n’en sortira pas (soupir…). Ce pays est irréparable, j’en ai peur, sauf à nous doter d’un sabreur de dépenses et de rentes pépères ou indues, genre Javier Milei ou Trump&Musk. C’est pourtant simple : quand on n’a pas de sous, on ne les claque pas ; c’est évident pour tout le monde, sauf pour les ménages surendettés (*) et pour la France, ses « valeurs » , sa générosité universelle et son obésité d’appareil national, régional, départemental, cantonal, communauté-de-communal, communal, et j’ai dû en oublier).

Autre chose : l’IA est partout, et ça va empirer. Pas en bien, donc ! Un exemple : les maths. Les étudiants, au lieu de creuser leurs problèmes, appellent l’IA au secours ! Une primitive de f = sin(ln(2.x)) ? (**) hop un coup d’IA, qui vous sort la solution en trois clics, deux changements de variables et autant d’intégrations par parties… ignorant que ln(a.b) = ln(a) + ln(b) et les bonnes vieilles formules de trigonométrie, plus un chouïa de flair.

Ailleurs, on a inventé le journaleux virtuel, qui est meilleur en orthographe que les vrais 😉 mais se contente de compiler les articles déjà pondus sur les vrais sites de canards, et sort en fait un gloubi-boulga assez infâme, 10 % en anglais, des trucs piqués un peu partout sur la Planète. Tenez, un article fabriqué façon IA : « Sénégal – Education / Teaching of English: Bakel IEF salue le bon cours des cours – Agence de presse Sénégalaise » , avec la signature de Manon.Dubois : joli nom bien de chez nous (ou sénégalais ?) pour une escouade d’ordinateurs ronronnant au fond d’un data-center. Saluons donc le savoureux bon cours des cours !

Gageons que bientôt, ayant avalé-digéré les quelques billets que j’ai émis ( délivrés, ça le fait mieux), une IA pourra bientôt pondre mes textes, mieux que moi ! ça m’évitera de me gratter le crâne chaque matin que ça me démange ; deux-trois clics, et ça sortira, tout chaud.

Tibert

(*) ça se soigne : c’est donc bien une maladie.

(**) Supposant x positif, ça va sans dire.

Logique à deux balles

Je poursuis sur le carcan normatif qui nous étouffe… des trucs exaspérants. Normes, mises en garde, avertissements, c’est devenu extrêmement pénible. Et les Zélés Petits Hommes Gris, attachés à produire plus, toujours plus de contraintes, normes, avertissements, mises en garde, continuent de plus belle…

Tenez : la magnifique norme GSR2 ! « pour votre sécurité » , évidemment, on vous oblige à des dispositifs toujours plus invasifs au volant : vous déviez de votre file ! vous allez trop vite ! vous avez une voiture juste à côté ! vous clignez trop des yeux ! un obstacle sur la route ! et ça couine de partout, bip-bip, ça freine à tort pour un panneau mal lu, ça… eh bien si vous voulez désactiver tous ces trucs pénibles, il faut le faire à chaque démarrage ! car c’est la norme, conne, pondue par des bureaucrates sadiques ou débiles.

Une autre ? les couquies… accepter les cookies, ne pas les accepter, les paramétrer : vous voulez les paramétrer ? bon courage ! alors vous acceptez, bof… donc, à quoi bon ? dans des tas de pays ce genre de précaution purement formelle – un écran supplémentaire, une purge de plus – n’existe pas, et personne n’y trouve de manque, sauf évidemment les producteurs de normes et avertissements absurdes et inopérants.

Vous installez ou mettez à jour un logiciel ? vous signez un bon de commande numérique sur le site SuperMegaDiscount.fr ? vous avez l’inénarrable mise en garde « en cochant cette case, vous déclarez avoir lu et approuvé les conditions générales de vente gnagnagna… » : il FAUT la cocher, sinon bernique, pas de commande. Vous envisagez de lire, éventuellement d’approuver les conditions générales de vente ? amusez-vous bien, c’est long, abscons (volontairement), décourageant. C’est exprès : comme ça vous cocherez sans avoir lu, le vendeur sera « juridiquement » couvert, en cas de litige vous l’aurez dans le baba.

J’en ai des tas d’autres… mais on va terminer sur ce sophisme « vert » : à Montluçon, dans le 0-3, on réfléchit très-très sérieusement à réduire la vitesse en centre-ville à 30 km/h. Pourquoi 30 ? euh… c’est 50, donc 20 de moins. Pourquoi 20 de moins ? euh… les autres font pareil, alors… 40 ? ça sonne mal, 40 ? 37 ça irait ? c’est que les assoces du vélo sont extrêmement actives à vouloir aller plus vite que les voitures, donc 30. Notez, en journée ça bouchonne, le 30 est déjà difficile à atteindre. Mais là où l’on atteint au sublime, c’est ça : « En général, c’est déjà compliqué de rouler à plus de 30 km/h sur le boulevard, souligne ce membre du conseil d’administration de l’association [cycliste, what else ? NDLR]. Je vois, en vélo, je dépasse même parfois les voitures. C’est davantage le soir, la nuit, que se produisent des excès de vitesse » .

Bien… résumons ce raisonnement délicieux : en journée, on se traîne ! donc inutile de mettre des panneaux 30 ; de toute façon c’est plafonné à 50 – vitesse modeste et fort raisonnable – dans les lignes droites, par vent arrière (*). Le soir et la nuit ? quel panneau a jamais empêché un chauffard de rouler trop vite ? et à quoi bon 30 km/h la nuit, quand c’est dégagé, voire désert ? des ralentisseurs, des obstacles, des chicanes, des radars, des patrouilles de flics, oui, ça incite vraiment à rouler moins vite ; des panneaux ? MDR, comme on dit : mort de rire. Un nouveau règlement, une nouvelle contrainte, non sanctionnés, ne sont, dans ce pays, que des chiffons de papier : des brimades inutiles pour les citoyens corrects ; du vent, pour les autres.

Tibert

(*) Essayez donc de rouler vraiment à 30 km/h sur une voie dégagée, pour voir.

Les normes : énorme !

Rappelez-vous, si vous suivez l’actualité de mon blog : je citais récemment et verbatim le Bayrou, sur l’aberration des normes en France, insupportable : « le poids des normes est en moyenne [en Europe, NDLR] de 0,5 % de PIB annuel (…). Chez nous, c’est tout près de 4 %  » . Et je causais hier avec avec un moderne paysan, éleveur de bovins, volailles… une exploitation bien tenue, du plein air, de l’espace, des bêtes traitées humainement, si je puis dire. Il nous contait la visite d’une contrôleuse des services vétérinaires. Comme il a autre chose à faire que de bayer aux corneilles en attendant qu’elle vienne, ils avaient pris rendez-vous : ce n’était pas la visite impromptue ! Et de nous détailler des vérifications ahurissantes : on est chez les fous ! Je n’irai guère plus loin, et vous incite à prendre connaissance de quelques extraits des obligations auxquelles nos malheureux bouseux doivent se plier… lecture instructive, vous en aurez plein les mirettes.

Vous noterez, au hasard des torrents de directives listées sur ce site, le sobre paragraphe que voici :

Article 10 L’arrêté du 29 décembre 1987 relatif à la protection des poules pondeuses est abrogé.

Qu’est-ce qui est abrogé ? Je n’ai pas trouvé, bien qu’armé d’un excellent moteur de recherche non-gougueulien, le texte dudit arrêté abrogé. Mystère… vous imaginez l’éleveur de volaille, dans sa ferme du Tarn-et-Meuse, classant religieusement – le soir à la veillée, près du cantou où mouronne un feu de tourbe et glougloute la garbure vespérale dans le grand chaudron de fonte suspendu à la crémaillère – les circulaires, arrêtés, décrets, lois… afférents à son activité ? ah… l’arrêté du 29 décembre 1987… voyons voir…. voyons voir… ah ! le voilà. Faut le biffer, alors ?… obsolète ?… bien… et ça donne quoi ? c’est quoi « le » texte, maintenant ?

Le texte en vigueur, résultant des apports réglementaires, allégé des arrêtés caducs, bref le texte actualisé ? à vous de le reconstituer, c’est trop compliqué pour les gratte-papiers des préfectures, des ministères. Les traitements de texte, le copié-collé, la tentative de maintenir à jour des documents cohérents, sans renvois, ratures, notules, références ? démerdez-vous.

Mais bon… je vous laisse découvrir comment on élève des poules pondeuses. Un bref échantillon, ci-après, mais vous pouvez creuser ! la pente des treillis métalliques… les perchoirs, 15 cm par poule…

2° Une mangeoire pouvant être utilisée sans restriction doit être prévue. Sa longueur doit être d'au moins 10 cm par animal présent dans la cage ;

3° En l'absence de pipettes ou de coupelles, chaque cage comporte un abreuvoir continu de même longueur que la mangeoire visée au point 2. Dans le cas d'abreuvoirs à raccords, les poules doivent pouvoir avoir accès à au moins deux pipettes ou deux coupelles ;

4° Les cages doivent avoir une hauteur d'au moins 40 cm sur 65 % de la surface de la cage et pas moins de 35 cm en tout point ;

5° Le sol des cages doit être construit de telle sorte qu'il supporte de manière adéquate chacun des doigts antérieurs de chaque patte. La pente ne doit excéder 14 % ou 8 degrés. Au cas où le sol n'est pas constitué de treillis métallique à mailles... gnagnagna... 

Tibert, et son abreuvoir à raccords

Janvier meurtrier à la culture

On pourra prendre connaissance ici d’une superbe illustration de la « cancel culture » , en français la démolition culturelle. Une femme, victime apparemment d’un compagnon violent – qui a été condamné pour ces faits – vient, soutenue par une cinquantaine de pasionarias #moi-aussi, rameuter les passants et les spectateurs du théâtre de la Comédie-Française : cette vieille institution serait complice ! de fait, Nazim B. en est « salarié protégé » (*), mis d’ailleurs au placard – mais toujours rémunéré – depuis ses démêlées avec la justice. On mélange tout, là : c’est un problème entre un homme et une femme ; l’entreprise n’y est pour rien, s’ils s’y sont rencontrés. Curieux, voyez qui sont les acteurs (les actrices, surtout, c’est le mot qui va bien) de cette affaire : dans le cadre de la « commission d’enquête de l’Assemblée nationale relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité, la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui la préside, a témoigné que Nâzim B. avait de nouveau proféré des menaces de mort, à la fois contre [son ex-petite amie] et contre elle-même » . Madame Rousseau menacée de mort ! c’est la faute à la Comédie-Française, forcément… Question : qui c’est qui dit la loi ? les entreprises, ou la Justice ?

Et puis c’est janvier, l’hécatombe, pire que novembre-aux-chrysanthèmes. Marianne Faithfull, 78 balais, de profundis, Patti Smith, même âge, qui a des vapeurs et doit annuler un concert, Sylvie Vartan, 80 printemps, qui fait ses supposés adieux à la scène… il ne va plus nous rester que Sheila et Hugues Auffray, ma parole 😉 Les chenues têtes chantantes, ça craint. Au fait, on vient de sortir une biographie filmée de Bob Dylan, 84 ans : serait-ce une notice nécrologique avant l’heure ?

Tibert

(*) Curieux, ce statut : un « pas intermittent du spectacle » , donc. Contrat en acier nickelé, imputrescible : un fonctionnaire ? payé à remplir des grilles de sudoku ?

Pieuseries

Le meilleur canard-sur-Toile de l‘Ouest étalait, il y a peu, une étude sur « la place des violences dans les médias » : eh bien, elle a augmenté de 75 % en 10 ans. Donc, si vous aviez par exemple 200 compte-rendus de faits divers « violents » , maintenant vous en avez 350. Et alors ? et alors, l’idée qui sous-tend cet article, c’est que de nos jours les médias font, hélas, leurs choux gras de la violence : c’est vendeur, la violence ! on flatte le « sentiment d’insécurité » , voilà… les gens aiment avoir peur… une autre explication, que je n’ose vous proposer, serait que les faits divers de violence ont augmenté de 75 % en 10 ans, ce qui se reflète évidemment dans les médias, c’est mécanique. Mais peut-être me trompé-je ?

Des faits divers violents, je reviens à ce gamin de 14 ans, Elias, suriné à mort pour lui piquer son cellulaire. On sait maintenant que les deux djeunes meurtriers étaient « défavorablement connus gnagnagna... » et qu’ils enfreignaient sans vergogne une interdiction de se rencontrer : si vous vous revoyez, on va vous punir très sévèrement ! Madame la maire (socialiste) du XIV ème arrondissement, où les faits ont eu lieu, explique qu’il y a une toute petite minorité de sauvageons, bien identifiés ; que par ailleurs c’est un petit coin bien tranquille ; que les travailleurs sociaux se démènent, qu’on a tout fait, ah la la ! quelle misère. Je la cite : « Un enfant est mort, deux risquent d’aller en prison pour des années… Ça n’est pas possible de continuer comme ça. Il faut renforcer les moyens des éducateurs et de prévention spécialisée ». Education-prévention ! ce sont les deux mamelles de la panoplie Bisounours. Bien sûr, éduquer et prévenir, mais quand l’horreur survient ? « deux [enfants] risquent d’aller en prison pour des années » : eh bien oui, un meurtre est un meurtre, ça n’est pas gentil du tout, il doit y avoir des sanctions, des barrières, quand éducation-prévention déclarent forfait. Que suggère madame la maire, en alternative à la triste et raide punition ? un stage de citoyenneté ? 6 heures de Travaux d’Intérêt Général à effacer des graffiti ?

Education… souvenons-nous de Topaze, de Pagnol, et des maximes que Fernandel, obscur instituteur de la minable pension Muche, commente gravement au tableau noir (*), « Qui vole un oeuf vole un boeuf » ; « Bien mal acquis ne profite jamais » : ça ferait hurler de rire nos chères petites têtes blondes. D’ailleurs aucun instituteur ne s’y risquerait ! Un habitué des plateaux-télé disait hier qu’un « gosse » de 17 ans de nos jours, c’est physiquement comme un adulte de 22 ans il y a trente ans. On a changé d’époque ? on a changé d’époque, mais la justice des mineurs se cramponne à son évangile, immuable, gravé dans le marbre. L’excuse de minorité, tenez : il y en a que ça fait hurler de rire.

Tibert

(*) J’y ai eu droit, moi aussi, quand j’étais en culottes courtes ; je m’en souviens parfaitement. Et on ne mouftait pas.

Concours de marches blanches

La procédure est bien cadrée : si un courageux quidam fait un signalement à la DDASS, bref aux services sociaux de l’état, comme quoi chez les voisins, les D., les gosses ont des ecchymoses et des airs de chiens battus… au mieux, les services compétents annoncent poliment aux parents D. leur visite. Et le jour dit, ils débarquent. Revue de casernement, le petit doigt sur la couture du pantalon… à vos rangs…. fixe ! en filigrane, on imagine l’orchestre des déportés d’Auschwitz accueillant la Croix Rouge à son arrivée pour une visite protocolaire dans le camp bien propret. C’est idiot, hein ? c’est idiot, mais on n’a aucune envie que ça change : c’est peinard.

Autre chose avec les visites des services vétérinaires – rares, les visites ! – chez les restaurateurs, contrôle impromptu de l’hygiène, des denrées, de la chaîne du froid… là, en revanche, on débarque sans crier gare, on sort sa carte tricolore, et l’on a une bonne chance d’appréhender la situation, la situation réelle. Pour faire la police chez les bistrotiers, on se donne les moyens – maigres, les moyens. Pour protéger les gosses maltraités (*), on envoie d’abord sa carte, et l’on met des patins en entrant.

Autre chose encore : hier encore, deux djeunes désireux de se faire du blé – ils l’ont déjà fait, c’est peinard, au pire, rappel à la Loi, ils s’en balek, limite fiers de leurs exploits – menacent un autre jeune (14 ans) dans la rue, en plein jour : ils veulent son cellulaire, gratuit ! mais il refuse, ce con ? donc, on le plante : un mort pour 100-120 balles. Titre du Parigot, dont nous tenterons une analyse sémantique : Mort d’Elias, 14 ans, poignardé pour un portable : Retailleau se dit « horrifié par cette violence gratuite ». Donc « il se dit horrifié » : en fait, il ne le serait pas ? une posture, sans doute ? calcul politique pour séduire l’électorat d’extrême-droite ?

Mais moi aussi je me dis horrifié ! et des tas de gens. Parce que je suis horrifié. Quand-est-ce qu’on prendra la mesure de cette horreur, et qu’on prendra des mesures ? Tuer, allez hop, un bon coup de surin, banalement, pour quelques dizaines d’euros – et « déjà connus des services de police » bien entendu – c’est dans l’ordre des choses ? Quand la Covid hideuse a fondu sur la France, on a édifié des barrières, des barrières carrées, dures, et pas de rouspétance ! en 2 coups de cuillères à pot : c’était « la guerre » : eh bien, c’est là aussi la guerre, mais on est trop occupés à discutailler des nouvelles taxes ; il y a concours d’idées.

Tibert

(*) Maltraités ? le mot est fort… vous êtes sûr ? pour Amandine, 14 ans aussi, 155 cm et 28 kg le jour de sa mort dans un réduit, on avait des doutes. Depuis dix ans au moins, mais… pas de vagues ! Qui portera plainte pour manquements criminels des structures de protection de l’enfance ?

Tax again… (air connu)

On a entendu des trucs ébouriffants, après la dissolution de l’an dernier : on a 3.400 milliards de dette ! qui l’eût cru ? (les chiffres étaient là, mais on ne savait pas lire, à Bercy, Paris 13). Et puis l’état allait certainement, avec courage – question de survie – se serrer la ceinture : fini de claquer « quoi qu’il en coûte » , de redistribuer le fric qu’on n’avait pas. Mais les bonnes vieilles habitudes commodes ont le dernier mot : les économies ? demain. Sabrer les dépenses somptuaires, ramener les paresseux au travail, virer les emplois inutiles ou redondants, les rentes de situation, les niches pépères, les nombreux « Haut Comité pour l’Accession Equilibrée à la Culture Plurielle » et similaires, arrêter d’arroser les parasites, les pique-assiettes, les ingrats, ceux qui tendent la main tout en vous crachant à la gueule… il y a de quoi faire !

Mais lisez le journal, ce matin : tax-tax-tax ! la mitrailleuse à taxes est coincée derechef en mode rafale. Une ministresse veut taxer les retraités « riches » : riches ? à partir de peut-être 2.000 ou 2.500 euros. C’est l’opulence, savez-vous, 2.500 euros, nantis qui vous vous goinfrez honteusement de légumes frais et roulez en Cliôt Renaux ! Une autre veut faire bosser « 7 heures de travail gratuit » (pas gratuit pour tout le monde). Les cigarettes vont augmenter – ça je m’en moque – et il va certainement être question de punir davantage les buveurs de soda (idem, je n’en bois jamais). La chasse aux nouvelles taxes est lancée : la boîte à idées va déborder, soyons-en certains.

Tenez, j’apporte ma modeste contribution au concours d’idées : vous rendez le « Nutri-Score » obligatoire (ce serait utile, par ailleurs) et vous taxez tous les achats où ledit score est défavorable : du fromage ? paf ! de l’huile d’olive ? pif ! des frites ? tschak ! en voilà une idée de taxe qui serait juteuse.

On a le record du monde des prélèvements obligatoires ? on va encore faire mieux.

Tibert

PS – Et 90 euros de mieux, toujours ça de pris… un d’jeune en voiture s’arrête à une barrière de péage ; il ouvre la vitre, passe le bras et tend son cellulaire, pour payer sans contact, ça se fait de nos jours (le concessionnaire, Vinci, encourage la chose, pour éviter des pertes de temps et des bouchons). Bien ! Puis il franchit la barrière, et paf ! un flic lui saute sur le poil, lui colle une prune, soit 3 points et 90 euros. Motif : usage du téléphone au volant. Elle est pas belle, la vie ?

Science et on-dit

( Madame Rousseau, l’écolo très médiatique, qui dit partager sa vie avec un homme « déconstruit » (une sorte de Légo en vrac, en somme ?), a des ennuis : elle aurait fraudé pour emporter son siège de députée à Paris, alors qu’elle habitait dans le Nord ! L’histoire dira si c’est effectivement une fraude, mais constatons ici que l’ancrage « local » des élus, c’est du flan ! Les partis bricolent, proposent Dugenou à Rouen et Schmoldu à Castres, quand ils habitent respectivement Quimper et Bormes-les-Mimosas. Alors ils louent des studio, pour faire semblant… C’est grotesque, pas vrai ? c’est chez nous.

Et ça continue : à Grenoble, une législative partielle vient, après l’éviction d’un LFI, de remettre en selle une groupie de Macronibus face au candidat LFI, monsieur Louffok – ça ne s’invente pas. Cet homme est en fait Grenoblois comme moi je suis Guatémaltèque, je cite : « Après un échec en juin-juillet dernier lors d’une première candidature dans le Val-de-Marne, Lyes Louffok avait été investi en Isère par le Nouveau Front populaire (NFP) sur proposition de LFI » . Son combat, son credo, c’est, selon LFI, les « droits des enfants placés » : cela reflète certainement la préoccupation majeure, essentielle, des citoyens de la Première Circonscription de l’Isère ! 😉

Mais autre chose, le Monde titre « Les savants musulmans ont fait du prophète de l’islam une personnalité intouchable » . Ce qui pose une interrogation : sont-ce des scientifiques, matheux, physiciens, biologistes, historiens… qui par ailleurs sont croyants, ou des « savants en Islam » ? Le début de l’article – qui n’ira pas plus loin pour les non-abonnés – tranche clairement pour la deuxième option, et l’on constate que le titre de cet article est vaseux. Franchement, de quelle science parle-t-on ? Aucune religion ne déroge au schéma de « l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours » (ou de l’histoire que je racontais à mes gosses pour les endormir le soir : « il y avait, autrefois, un très vieil homme qui… » . Grosso modo, il se dit que quelqu’un a dit, il y a bien longtemps (puis il l’a écrit, ou des groupies s’en sont chargés) avoir vu ou parlé avec ce qu’il estimait ou prétendait être « Dieu » , et en avoir rapporté certains préceptes, évidemment indiscutables : zut quoi, ça vient de Dieu !

Mais être scientifique, c’est être critique, questionner et s’assurer des faits, pas broder-enjoliver sur des « il se dit que…  » . Surtout quand on va jusqu’à statuer, dans une démarche clairement anti-scientifique, qu’il est interdit de douter : l’apostasie est punie de mort ! Croire ou mourir, c’est un choix assez abrupt, et la science, là-dedans…

Tibert

Certainement improbable

Monsieur Bayrou, superstar de ce billet. Hier il a brillamment échappé à la furie systématique des LFI, « censure quoi qu’il arrive » , les yeux rivés sur l’objectif fixé par leur Lider Maximo : le match Mélenchon-Le Pen dès cette année – funeste perspective ! On va ici lui décerner un satisfecit, à monsieur le toujours maire de Pau, et puis émettre un bémol. D’abord, la bonne nouvelle, si je puis dire : il a pointé un truc majeur, lors de son discours d’avant-hier. Je le cite : « Notre bureaucratie est trop lourde. Incroyablement lourde (…) le poids des normes est en moyenne [en Europe, NDLR] de 0,5 % de PIB annuel, de 0,8 % en Italie à 0,3 % en Espagne, et 0,17 % en Allemagne. Chez nous, c’est tout près de 4 %. Et c’est insupportable ». Il met le doigt là où ça fait mal ; j’en remets une couche avec cet extrait de la revue Transitions et énergies, qui ne dit pas autre chose : «  … et pour finir une culture administrative et étatique irresponsable qui privilégie sans limite et sans logique les normes et les règlements sur toutes autres considérations » .

C’est en somme le travers chéri d’une administration pléthorique, qui, lorsqu’elle ne pédale pas dans la choucroute, produit… des formulaires, de l’administratif, du normatif. Bref, un chantier titanesque, et un très mauvais penchant à combattre, voire à sabrer. Je n’évoque pas ici les actions « saignantes » d’un Javier Milei ; encore moins l’embauche de monsieur Musk pour faire en France le boulot que Donald T. lui a fixé aux States : mais avouez, il va falloir se faire violence. Vous voulez mon sentiment ? c’est mal barré.

Ceci étant, une phrase alambiquée, tortueuse m’a interpellé. Oyez ce galimatias bayrou-esque : « Il est peut-être probable qu’il se produise une situation dans laquelle des marges de progression, de mouvement, de changement, d’adaptation auront été identifiées sans qu’il y ait un accord général. Si c’est le cas, nous proposerons un texte qui reprendra ces adaptations et ces progrès et nous le soumettrons à l’Assemblée » . Peut-être probable ? Hors toute prétention matheuse, l’échelle de probabilité du langage courant, de 0 à 1, c’est ça : { impossible (donc 0), très improbable (sous les 0,25), improbable, peu probable (moins de 0,33 ?), probable (plus de 0,6 ?), très probable (disons au moins 0,75), certain (donc 1)}. Devant ça, « peut-être » c’est l’incertitude non chiffrée : ça arrivera, ou pas.

Donc : il se présentera, ou pas, une situation de probabilité supérieure à 0,6 pour… pour la renégociation des lois si décriées sur la retraite. Vous voulez, derechef, mon sentiment ? C’est une carte dans sa manche, ça ; s’il en sent le besoin, monsieur Bayrou identifiera « très probablement » des marges de progression etc... , pour sauver son job.

Tibert