( On énonçait, il y a deux jours, dans le Parigot, un truisme… taillé dans le marbre immémorial de notre république imparfaite, mais présenté comme circonstanciel : “des dizaines de textes pas appliqués depuis la dissolution” . Certes, depuis la calamiteuse dissolution, les textes de loi sont à la ramasse : ça bouchonne à la sortie. On légifère, on légifère, et puis derrière ça ne suit pas, à les promulguer. Et alors ?
Et alors, c’est bien pire que ça. En fait, chez nous, on empile, encore et encore, on épaissit le corpus législatif ; ça, on sait faire ! On dispose, par ailleurs, de plus de mille commissions, comités, hautes-autorités sur tout et n’importe quoi ; ces machins sortent des rapports, de temps en temps, histoire de justifier leur existence (et puis, ça sert à caser au chaud, douillettement, la famille, les amis, copains, anciens copains, relations, pistonnés…) ; mais il manque, c’est clair, un Haut-Commissariat à l’Evaluation de l’Utilité, de la Pertinence, de la Praticité des lois… et de leur Caducité ! (*). Bref il nous manque le Contrôle-Qualité, et puis, eh oui, le service de répurgation des lois : une loi qui ne sert pas, on l’efface, et puis on met propre, derrière. )
Autre chose… un jeu de mot vaseux, que j’ai eu jadis la faiblesse de caser : “lesbien descendu ?” , paraphrase de la saillie de Cécile Sorel descendant l’escalier du Casino de Paris… eh bien, on en sort un autre du même acabit, dans Le Monde : “Lesbien raisonnable ?” , pour vanter un nouveau Prix MachinTruc, le Prix Gouincourt, astucieuse démarque gouinesque du Goncourt. Il s’agit là de célébrer la littérature queer-lesbienne… encore un prix, donc.
Encore un prix, comme pour le pinard de nos jours, où il n’y a guère que les Merlot à 2 balles des bas de gondole qui soient privés de médaille. Chaque oeuvre “littéraire” va se voir couronnée d’un prix, accessit, mention, breloque. Un lecteur du canard susmentionné suggère, pour la littérature cochonne – celle qu’on ne lit que d’une main – le Prix Groincourt, valable également pour la charcuterie.
Mais attendez, on n’en a pas fini ! il reste à décliner ledit Prix Gouincourt en sous-catégories : “des Lycéennes” , “des Assistantes de Direction Queer” , “des Ménagères de Moins de 50 Ans Désoeuvrées” , et autres lots de consolation.
Une littérature de niche (waf ! waf !) donc, et qui s’adresse à ses fans, tel Paris-Turf aux fidèles des champs de courses. Bref, comme le résume sobrement un autre lecteur : parlez-moi de moi, y a que ça qui m’intéresse.
Tibert
(*) Si si, ça existe, ce n’est pas un de mes néologismes, genre mochitude. Eh oui, les lois deviennent, comme plein de choses, caduques, obsolètes, inutiles : poubelle ! et remise en ordre.