Barbecues confessionnels

( Concours de stupidités : on découvre que cet été, de jeunes filles au Q.I. manifestement modeste se font carrément griller la peau au soleil pour “poster” (mettre en ligne) sur les réseaux-poubelles les photos de leur passionnant décolleté : bien marquée, l’empreinte des bretelles et du soutif, bien blanche, contrastant avec la peau bien brune – ou brûlée, rouge brique. C’est un concours ? sans doute, à qui sera la plus héroïque ; les lots des gagnantes : brûlures, pelades, et superbes cancers de la peau, mais bof, c’est pour plus tard. )

Ceci étant, le Monde nous a relaté il y a une paire de jours, une condamnation qui interpelle, assez ahurissante, en France, pays laïc, où le délit de blasphème n’existe pas : j’ai farpaitement le droit d’injurier les Dieux que je veux, l’époque du Chevalier de la Barre est révolue. Donc, je cite, “Dans la nuit du 1er au 2 juin, peu avant la première prière du matin, le jeune homme avait pris un Coran destiné aux fidèles de la mosquée Errahma, à Villeurbanne, avant de l’incendier à l’extérieur de l’édifice” . Voilà : il a brûlé un livre, qui raconte des trucs. L’indicateur Chaix, du temps où la SNCF fonctionnait avec du papier, racontait d’autres trucs, du genre : le train 4827 passera tel jour à 8h 27 à … (nom d’une gare), allant de X à Y. On brûlait un Chaix , pour marquer son hostilité à la SNCF ? aucune entorse à la loi, si les consignes de sécurité étaient respectées (oui, bon, je sais, le bilan carbone, gnagnagna). Mais on brûle un coran ? qui raconte d’autres trucs ? un an de taule !

Le canard nous donne les motifs de cette sanction inouïe : « dégradation commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion ». Dégradation ? quand j’allume mon poêle à bois avec un vieil exemplaire de Mon tricot-ma tambouille” , je dégrade ?

D’autant plus ahurissante, cette sanction, que le prévenu est notoirement atteint de schizophrénie, est soigné pour ça. “En face” , si j’ose dire, on ne compte plus les attentats islamistes – avec des morts, pas du papier brûlé ! – où le coupable est reconnu “irresponsable” ; le pauvre, il n’avait pas toute sa tête ! mais notre incendiaire de bouquin, lui, c’est clairement un islamophobe ? donc haro, et au trou. On vient de tourner une page, là, sur la liberté d’expression, sur la place des religions, et c’est assez grave. Et curieusement dissymétrique, voyez plutôt :

Les perturbateurs qui ont tout récemment envahi une église pendant la communion (moment central de la célébration) lors d’une messe, pour y clamer des slogans pro-palestiniens : contrôle de police. “À l’issue de ce contrôle de police, les cinq individus ont été laissés libres” . Même pas soupçonnés de dérangement mental.

Tibert