Il existe très peu d’engins à rétropédalage : le vélo, surtout pas, sauf au cirque ; on se casserait la figure. Il faut évidemment un engin stable à l’arrêt. Les voitures-jouets de mon enfance le permettaient… j’en ai encore une rouge, en tôle, avec des roues noires, qui rouille au grenier. Et puis c’est à peu près tout. C’est en fait une technique rare, quasiment exotique, alors qu’on en parle comme d’un truc courant… Pas si simple ! ne rétropédale pas qui veut ; il faut pouvoir ! Tenez, deux superbes rétropédalages, qui en fait arrivent trop tard. Le bon rétropédalage, c’est très tôt, après c’est fichu.
Prenez d’abord l’autoroute A69 Castres-Toulouse : trop avancée pour faire machine arrière, ce serait un gigantesque gâchis. On la stoppe, mais elle va repartir. Les opposants pensaient-ils pouvoir la faire rétropédaler ? remettre les prairies en place, les haies, les arbres, les étangs, les hameaux, les petits oiseaux ? c’est trop tard. Passé un certain cran, ça devient pire que de terminer l’ouvrage ; et puis on ne peut pas laisser tout ça en plan….
C’est d’ailleurs un projet stupide, au départ. Les bouchons, c’est à l’entrée de Toulouse qu’ils se forment, pas sur le parcours. On privatise encore un peu plus nos routes, pour engraisser des boîtes privées. On néglige les contournements de villages, largement souhaitables, qui auraient accompagné la mise à 2×2 voies de la Nationale existante. Bref c’est une mauvaise décision, l’A69, prise dans une logique « de fric » , d’affaires, pas une logique d’utilité. Mais c’est trop tard pour rétropédaler. Le pire, c’est que cette histoire foireuse ne servira même pas pour les projets futurs : on n’apprend rien.
Et puis les députés ne veulent finalement plus des ZFE, ces zones ségrégationnistes qui interdisent aux citoyens de rouler dans certaines zones des villes, sauf à être riches, posséder une voiture récente, écolo-compatible. « Salauds de pauvres » , disait Gabin : c’est exactement ça, les ZFE. Le fin du fin de la voiture « verte », nous dit-on, ce serait au moins 2 tonnes de batteries électriques sur roues, avec du lithium bien rare, bien cher, bien polluant à extraire ; quand une bagnole des années 90 faisait 1.100 kilos toute mouillée. On s’est donc enfin aperçu du caractère scandaleux des ZFE, superbe ânerie de l’écologie punitive et doctrinaire. Alors on va rétropédaler ? en principe on devrait.
Entretemps on a consciencieusement saccagé l’industrie auto européenne. Nos moteurs thermiques sont aujourd’hui très performants, légers, sophistiqués ; c’est une technique aboutie, convertible aux carburants « verts », bio-gaz, éthanol agricole ; mais on s’est gargarisé de dogmes bornés, pourtant manifestement erronés, si l’on prend dans sa globalité le bilan écologique des véhicules électriques. Les Chinois, évidemment, ont raflé la mise, sur les décombres de notre industrie.
Bref quand on rétropédale, c’est d’abord qu’on s’est trompé ! et puis c’est casse-gueule, et ça laisse toujours des séquelles. Sauf avec les voitures à pédales (*).
Tibert
(*) Au fait… excellente idée ! les voitures à pédales. Zéro émission de CO2, bio, mobilités douces… que du bon. Je vous fiche mon billet que les écolos vont bientôt nous la proposer – que dis-je, nous l’imposer, au nom de la Planète.