Pub algie

(Du grec « algos » : douleur. Par exemple, la nost-algie, la gastr-algie, et puis ici, la pub-algie). Je vous parle, là, d’un bandeau alarmiste, en bas de l’écran, sur le site de La Montagne, le canard du rugby et des volcans : « La publicité est un moyen de financer la production d’une information fiable, de qualité et proche de vous. Pour soutenir notre travail, merci de désactiver votre bloqueur de publicité » . Eh oui, je l’avoue, j’utilise un bloqueur de pub sur mon ordi, c’est un peu moins envahissant, comme ça. « La publicité est un moyen de financer » … certes ! mais y aurait-il moyen, justement, qu’elle soit moins conne, mensongère, manipulatrice, matraqueuse ? les toujours frétillantes promotions de chez Leuclaire, la pseudo-mutuelle absolument merveilleuse, les crèmes à l’extrait de gurbonphlan suractivé qui tendent divinement la peau, les panneaux solaires absolument gratuits – justement la loi vient d’être votée, précipitez-vous… c’est d’un pénible ! sans omettre les prix en …,99, désormais incontournables.

Une raison de désespérer, c’est que ça ne va pas en s’arrangeant. On trouve encore deux-trois chaînes télé où les films ne sont pas tronçonnés par de la pub, mais ça se fait rare. On sait le succès de BitFlex, la grosse boîte états-unienne qui produit des séries et des films comme le boulanger des baguettes « tradition » : on s’abonne, et c’est le robinet d’images, à volonté. Eh bien, j’ai noté ça, sur le site des Numériques : “Les abonnés prêtent autant d’attention aux pubs qu’aux contenus : Netflix insérera des publicités générées par IA en plein milieu des épisodes dès 2026 » . Je vous traduis : au lieu d’aller pisser, boire un coup, sortir le chien, vider les poubelles, ranger la vaisselle… entre deux épisodes de leur passionnant feuilleton, les abonnés BitFlex restent scotchés devant leur écran, à contempler les pubs : ça leur plaît aussi. Donc, on peut y aller, augmenter les doses, et dès 2026, avec des pauses-pub au beau milieu de la course-poursuite n° 8 de l’épisode 17 de la saison IV. Puisque ça les intéresse : les remontées du terrain le prouvent, les grandes-oreilles genre Gougueule-aide, Aleksa… en témoignent, on n’entend que très peu de chasses d’eau, de portes de frigo, de clebs qui s’ébrouent dans l’attente de la sortie-besoins.

Pour les enterrements low-cost – c’est un marché à développer, ça, coco – low-cost mais de qualité, on pourrait demander au curé (au rabbin, au mufti…), bref au maître de cérémonie, d’agrémenter la séance par une ou deux coupures de pub : on est à peu près sûr que les impétrants, dans leur caisse en bois, n’y verront aucune objection ; si ça se trouve, ça va leur plaire.

Tibert

PS – Je ne suis pas un groupie de monsieur Bayrou, ce vieux tromblon de la politique politicarde. Certes non. Mais je voyais hier, des médias de la bien-pensance s’étrangler d’indignation à l’évocation de la gifle qu’il avait balancée, jadis, à un gamin qui lui faisait les poches, sans vergogne : tortionnaire, apôtre de la violence, que n’a-t-on pas entendu ! eh bien, elle était pertinente, et amplement méritée, cette torgnole ; j’aurais fait exactement pareil.

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