( Dimanche ce fut la Fête des Mères : colliers de nouilles peintes sur fil de coton tressé, boîte à camembert peinte itou pour y ranger les colliers de nouilles, etc. Cet entrefilet du Parigot, bien garni de fôtes d’ortografe (*) et de charabia, nous narre qu’une mère, trop confiante, ou myope, ou assoiffée, ou les trois, est morte d’une surdose de GHB – la drogue du viol – que son fiston gardait en quantités significatives à la maison (dans des bouteilles de Pérriet !). Il n’avait pas d’étiquettes sous la main, hélas, pour éviter toute confusion. C’était vraisemblablement un petit négoce ignoble et non déclaré, préparation et vente subreptice, en liquide, sur les réseaux, de doses individuelles : « combien t’en veux ? c’est pour en violer combien ? « . Cela aura été fatal à sa maman. )
Et puis une antienne bien Bonne-Pensée dans Le Monde : « C’est dégueulasse mais on va le garder, pour l’Histoire » . Le titre annonce d’ailleurs la couleur, si j’ose dire : « Edulcorer un texte aboutit à un mensonge historique. Il faut pouvoir nommer l’ennemi » : il y a donc un ennemi. Multiforme, par exemple le titre d’un des plus célèbres Agatha Christie « Dix petits nègres » , devenu, pour des raisons évidentes, « Ils étaient dix » . De quelle couleur ? veuillez ne pas poser de questions grossières, je vous prie. Aux dernières nouvelles, Simenon a jusqu’ici échappé à la récriture (et non la réécriture, subtil distinguo, développé dans l’article), récriture « correcte » de certaines de ses oeuvres, « Le nègre » , « Quartier nègre » … serait-il moins digne d’être récrit que madame Christie ?
On passe en revue dans cet article, évidemment, le célébrissime « Tintin au Congo » de Hergé (1931) : pour déplorer que, nonobstant une abondance textuelle de mise en perspective, une préface « attention contenu toxique » , etc, on n’ait pas été assez loin dans les bémols, les warnings. En somme, s’agissant d’oeuvres indiscutables mais condamnées par la Bonne-Pensée, on ne peut, hélas, les brûler, ça rappellerait des précédents fâcheux ; plutôt que de caviarder les oeuvres « malsaines » , les maquiller, leur limer les dents, l’article cité ici prône de les encapsuler sérieusement ; il s’agit de les rendre inoffensives, pour (je cite) protéger les lecteurs ! On nous prend vraiment pour des neu-neus.
Tibert
(*) « (elle) …s’est versée sans le savoir une rasade de ce mélange toxique » . Eh non ce n’est pas elle qui s’est versée, donc on écrit versé, car le complément, le COD (la rasade) vient ensuite.
Plus loin, ce galimatias sauce journaleux trop pressé : « Une forte somme en liquide, plusieurs milliers d’euros ont également été saisis. [un espace de pub]. Considérant son état de choc, les UMPL (unités mobiles de psychiatrie légale) ont estimé qu’elle n’était pas compatible avec le régime de la garde à vue » . Donc, la forte somme était en état de choc… ! Vite une cellule psychologique !