Kafka-Ubu

La mort d’un gamin de 10 ans, dans une cité, à Nîmes… une balle (perdue ? va savoir) lui a ôté toute perspective d’avenir. Les habitants du voisinage ont vu – ils le disent, choqués – le lendemain de cette fusillade, les dealers, les guetteurs, les clients furtifs, reprendre leur petit manège quotidien comme d’hab, comme si la veille il ne s’était rien passé : une péripétie, un petit accrochage, rien, quoi… on attend la CRS 8, l’unité de choc qui remet les choses en place, vous allez voir ce que vous allez voir ! Possible que ça calme le jeu quelques jours, mais dès qu’ils auront levé le camp, les CRS 8, ça reprendra de plus belle. En water-escrime, on appelle ça un coup d’épée dans l’eau.

Ce pays marche sur la tête, en matière de stupéfiants. On en a un, officiel, qui marche très bien : l’alcool, le vin, la bière, le… c’est peu cher, libre de circulation « avec modération » ; pour le reste, tout le monde sait, les chiffres sont quasi officiels, que des millions de Français fument le pétard ou similaire, c’est une posture ou une habitude, c’est presque un mode de vie, mais bizarrement c’est interdit ! que la coke, l’héroïne, le crack, le… est-ce que je sais, moi, circulent sans trop de difficultés. Les prix sont affichés dans les halls d’immeubles… Des gangs de plus en plus puissants ont mis ce bizness dans leurs poches, les guetteurs se prélassent dans leurs rocking-chairs, les revendeurs attendent le chaland, le chaland vient sans angoisse s’approvisionner, les habitants rasent les murs et subissent ; et tout ce qu’on sait faire, c’est d’un côté des « coups » par-ci par-là – faire des moulinets menaçants, sévir quelques jours, déployer temporairement la CRS 8 ; de l’autre, compatir, plaindre et « accompagner » les épaves toxicomanes, comme ces zombies qui peuplent le quartier de la Chapelle, à Paris, et que la mairie de madame Hidalgo balade au gré des protestations des habitants du quartier.

Le consommateur est responsable ! les centaines de zozos qui achètent « à ciel ouvert » leur dope au quartier Pissevin à Nîmes sont responsables de la mort de Fayed. Pas de client ? pas de commerce, pas de fric, pas de gang, pas de violence. Deux politiques sont effet possibles, toutes deux cohérentes : a) le modèle de Singapour : prison systématique pour détention de stupéfiant, la mort au dessus de 500 grammes – là c’est pour le coup hors de nos principes, 10 ans « garantis » au trou peuvent suffire ; ça fonctionne très bien, on ne connaît là-bas aucun point de deal ; ce ne sont pas les habitants qui rasent les murs, ce sont les rares et furtifs toxicos ! b) le modèle libéral : déclarer licite le chanvre indien et ses dérivés, en organiser le circuit sous contrôle de l’état, qui se remplit même les poches – c’est pour moi la bonne formule – et pour le reste, voir le a) ci-dessus.

Mais entre ces deux approches, il faut choisir, et puis se donner les moyens que ça fonctionne. En persistant à faire semblant de s’en tenir à la rigueur quand d’innombrables « fumeurs » enfreignent la loi gaillardement et sans aucun problème, en se contentant de donner de temps en temps quelques coups à droite-à gauche aux trafics florissants, on perd partout.

Tibert

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