Oud, balafon et cor anglé

Au fait, le « cor anglais », ce n’est ni un cor (c’est un genre de gros hautbois difforme, à deux anches donc), ni « anglais », mais anglé : le cor(ps) de l’engin forme un angle. Mais les Rosbifs se le sont approprié, sans vergogne, ce qui est bien dans leur mentalité. Pourquoi je vous cause de ça ?

Parce que, si ça se trouve, vous avez regardé à la téloche le célèbre, incontournable, traditionnel « concert du Nouvel An » à Vienne, à base de musiciens solennels costumés en pingouins, dirigés par un maestro chevelu échevelé, et basé presque exclusivement sur les partitions valseuses des Strauss père et fils, avec de l’Offenbach, du Waldteufel… à doses minimes. Il se trouve que je l’ai en partie suivi, cette année, et ma foi rien ne m’y a choqué : c’était la partition plaisante et convenue, comme d’hab.

Mais un célèbre trompettiste, Ibrahim Maalouf, a rouspété, lui, car l’uniformité des visages Blancs ou peu s’en faut (plein de femmes, tout de même, des LGBT je ne sais pas…) des musicos l’a interpellé : voyez ce lien. Je connais par les enregistrements cet excellent trompettiste, et lui témoigne ici toute mon admiration musicale. Mais sa réaction m’interpelle, par ricochet :

J’ai en effet écouté et visionné récemment de la musique Raï, très agréable d’ailleurs, et superbement interprétée : que des Arabes ! et pas de cor anglé. Il y a un temps, j’ai pu aussi voir fugacement de l’opéra de Pékin (c’était très ch…nt, juste pour les aficionados, et j’ai vite zappé) : que des Asiatiques dans la fosse d’orchestre ! des sortes de violons bizarres, des percussions déroutantes, bref on est loin de la Forêt Viennoise ! Je pourrais embrayer sur le balafon, le mridangam, la flûte indienne, la flûte andine, etc : à chaque musique correspond un fond (ou un fonds, ça marche aussi) instrumental, actionné par des individus – souvent locaux – rompus à en jouer. Rien n’empêche, et heureusement, une Chinoise de jouer du piano à queue (*), un Suédois Blanc de jouer de l’oud, etc… : les conservatoires ne font pas, que je sache, de discrimination sur la couleur de peau. Mais il s’agit de musique, pas d’examen de diversité ethnique ! on se trompe de sujet, là…

Tibert

(*) Je vous cite ici madame Zhu-Xiao-Mei, qui interprète Bach magnifiquement.

2 thoughts on “Oud, balafon et cor anglé”

  1. Maalouf serait-il jaloux de l’orchestre de Vienne ? A-t-il eu quelque démêlé avec celui- ci ?
    Rarement avachi devant le petit écran, pour une fois j’ai consenti à me laisser bercer et écouter avec délice les airs violoncellistes de Gautier Capuçon qui ont suivi la fête de Vienne. Il était souvent accompagné de son ami pianiste lui aussi de peau blanche. J’aurais pu aussi me plaindre de l’uniformité des visages, vu que des membres de ma généalogie sont loin d’être de couleur blanche, mais je n’y ai même pas songé, complètement enivré par quelqu’air subtil …

    1. I. Maalouf se trompe de guerre. Il a certes parfaitement sa place comme trompette solo ou « du rang » dans l’orchestre philharmonique de Vienne, au vu de ses prestations, et ça mettrait effectivement de la diversité ethnique, aaaah quel bonheur ! Mais 1) ça n’ajouterait musicalement RIEN à cet orchestre, un excellent trompettiste pour un autre aussi compétent à jouer de la partoche ; 2) qu’y gagnerait-il ? y être un exécutant parmi 50 à dérouler des partitions écrites par Pierre Paul ou Jacques ? il est bien mieux – et sûrement plus heureux – à jouer SA musique.

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