Vents et marrons

( Saluons le bref épisode de lucidité qui a permis au Premier Philippe de découvrir la co… la stupidité et l’inutile complexité ( ça va ensemble) de l’âge d’équilibre dans son projet, louable par ailleurs, de réformer notre système cacochyme et injuste des retraites. Gageons que, courageux jusqu’au bout, il admettra s’être bêtement entêté, comme il en a hélas l’habitude – voir les 80 km/h, sur lesquels il continue à ne vouloir rien lâcher, contre toutes les évidences et les statistiques ).

Mais je lis ce titre sur France 24  : « Face au Brexit imminent, les indépendantistes écossais vent debout« . Point de verbe dans cette phrase, comme il se doit quand on est journaleux : les verbes c’est quand on a le temps, c’est pour les écrivains. Et puis « vent debout« … le vent de bout, et non debout (*), c’est quand on est sur le bateau et qu’on l’a en face, le vent : pour progresser ce n’est pas de la tarte !  Curieusement, le wiki afférent nous sort ceci, à propos du sens figuré de cette expression :

  1. (Figuré) Farouchement opposé.
    • Les brasseurs sont vent debout contre la taxe sur la bière.
  2. (Rare) Farouchement favorable.
    • Les élus sont vent debout pour sauver cet hôpital.

Bon, alors… pfffft… putain de vent… ils sont farouchement contre, ou pour le Brexit, les indépendantistes écossais ? ni pour ni contre, bien au contraire : l’article cité plus haut nous informe de leur volonté de quitter le Royaume-Uni. Ils ne sont pas du tout vent debout ; ils ont le vent en poupe, les indépendantistes écossais, le vent dans le dos, ils se sentent de nouveau pousser des ailes. Mais c’est pas grave, debout ou en poupe, bof, c’était juste le titre de l’article.

Nous rejoignons ainsi le célèbre tirer les marrons du feu : initialement, ça traitait du pauvre naïf qui sortait du feu les marrons grillés à point pour les donner, cet imbécile, à celui qui les dégustait, peinard, sans se fatiguer ni se brûler les doigts. Et ça se dit de nos jours – on a changé tout ça – pour celui qui, guidé par la bonne odeur et avisant de superbes marrons grillés sur les braises, les sort pour se les goinfrer lui-même. La morale de cette histoire, c’est que, quel qu’en soit le bénéficiaire, il faut les tirer, les marrons du feu, sinon ça va devenir immangeable.

Tibert

(*) Idem, une droite de bout, dans la géométrie descriptive de ma jeunesse – tombée largement en désuétude, c’est ringard, complètement out, Gaspard Monge ! – c’est une droite perpendiculaire au plan frontal de projection : bref, on l’a pile-poil en face. Sur ledit plan frontal c’est juste un point, c’est tout.

One thought on “Vents et marrons”

  1. Timothy Olgerssøn

    … Et ce n’est que maintenant que vous découvrez cet art, typiquement médiatique, de faire dire aux mots exactement le contraire de ce qu’ils devraient signifier/définir, Tibuche ???
    Il y en a un exemple qui me fait hurler (intérieurement ; extérieurement, j’peux pus : ch’uis complètement aphone à force…) c’est la « réalité virtuelle » ! un superbe oxymore qui rappelle un peu le tripatouillis de Monsieur Jourdain à propos de la prose et des vers… Soit c’est la réalité, soit c’est du virtuel – c’est-à-dire ce qui est « en puissance », le « pas encore », tout le contraire de la réalité ! – ; l’une est quasi-mécaniquement exclusive de l’autre. Et là où ça devient délicieux, c’est lorsqu’on vous parle de « réalité augmentée » à propos de dispositifs ou d’artefacts dont le but le plus clair – sinon l’intention avouée ! – est de vous couper de la perception du réel qui vous entoure pour vous plonger dans une fiction, de plus en plus vraisemblable(*) mais qui, mise en face de l’infini chatoiement du réel, reste d’une sinistre pauvreté, restrictive du ressenti et asymptotique de l’indigence.
    J’y songeais il y a peu en relisant le bouquin de Christian Hiéronimus(**) « … Il nous faut entretenir nos désirs pour ce qu’ils sont, notre source de vie, et les écouter, les faire évoluer, les nourrir, leur porter la plus grande attention… ou les désamorcer dans une habile complicité… »
    Pour en revenir à la « réalité augmentée », les contempteurs de ce genre de manœuvre tout à fait anti-liberté (***) se plaisent souvent à évoquer, à son sujet, George Orwell et son « 1984 ». Désolé les enfants, mais tant chronologiquement parlant qu’à propos de ses aberrations futuristes, 1984, c’est déjà loin derrière !

    Bon, c’était mon petit pensum du dimanche matin, juste avant la messe et le n’tit dèj ! Quel emmerdeur, ce Tibuche…

    (*) … au sens initial et étymologique de « sembler vrai ».
    (**) « La Sensualité du Toucher », 09/2005 ; Éditions « Le Souffle d’Or », 05300 Barret-sur-Méouge. C’est joli « Barret-sur-Méouge », nââân ?
    (***) Et pourquoi donc sont-ce le plus souvent les nippons qui se sont spécialisés dans ce genre d’hérésie ??? Eux dont l’art figure parmi les plus proches de la Nature, avec un « N » majuscule ?

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