Chassez le naturel de l’élu…

… il revient ventre à terre. On avait enfin rogné quelque peu – quasi à reculons –  les cumuls de mandats, cette pratique honteuse et juteuse destinée 1) officiellement à « coller au terrain » grâce à un mandat parmi d’autres supposé proche des citoyens, 2) en fait à collectionner les agendas, les titres ronflants, leurs honneurs et leurs émoluments. Le sénateur-maire en fut le paradigme, surhomme ou surfemme capable de vivre 35 heures par jour pour gérer « au plus près du terrain » une ville de plusieurs centaines de milliers de pékins tout en siégeant utilement dans les travées dorées à la feuille d’or du sénat. Eh bien ça veut revenir !

Le Parigot (et d’autres) vous raconte ça, et parmi les commentaires de ses lecteurs – c’est hélas souvent un florilège de charabia, de fautes de français et de confusion mentale – je retiens toutefois celui-ci, verbatim : « Je crois que les types n ont rien Compris ? Ils veulent quoi? Des têtes sur des pics?« . C’est tout à fait ça, mais sur des piques. La crise qu’on a traversée, qu’on traverse encore, a clairement montré la défiance des citoyens envers leurs élus ; pas la peine d’en rajouter ! Bien sûr une ville de 9.999,99 habitants ne nécessite pas le boulot d’une ville de 300.000, mais c’est un choix d’être maire ! si on ne se plaît pas à ça, qu’on fasse autre chose, personne n’est obligé ! On peut déménager dans une ville plus volumineuse, par exemple. Tenez, monsieur Valls : il se morfondait à faire député de l’Essonne… il ne cherche pas finaudement à y ajouter la mairie de Donboufle ou Arjapon pour arrondir les fins de mois ; il va briguer la mairie de Barcelone, ça a plus de gueule. Et puis si l’on s’ennuie, il reste le violoncelle, le jardinage, la lecture, la pétanque, la peinture sur soie, le militantisme politique, le bénévolat etc. Et l’on n’est pas obligé, dans un petit bled, de délaisser son emploi. Enfin, si vraiment on s’emmerde à mort, tel le sénateur assoupi en séance postprandiale après un séjour trop copieux à la cantoche du palais du Luxembourg, on fait comme Macronious : on va animer des Petits ou des Moyens Débats, on y rencontre le quidam et on lui cause. On échange, on s’informe, on discute, et comme ça on « colle au terrain« , ce qui est le but final, l’alpha et l’omega de la politique, non ? non ?

Et en cette époque où l’on en est à compter à un mort près sur les routes, gratter quelques milliers d’emplois, c’est tout sauf anecdotique. Zut quoi, le cumulard pique le boulot des autres, et ce seul constat est simplement insupportable quand on a six millions de chômeurs.

Tibert

One thought on “Chassez le naturel de l’élu…”

  1. … Ben ch’uis ben content que vous releviez les innombrables énormités diverses et variées qu’on découvre à la lecture des commentaires du Net en général : je croyais être le seul à m’en offusquer jusque-là ! Ça démontre – entre autres – l’efficacité de l’apprentissage de l’orthographe selon la « méthode globale », qui devait être celle en vogue lorsqu’ils étaient encore en CM2…
    Il me souvient de la gardienne de la maison de mes parents, « Léonie » ; spécialiste landaise de la confection du confit de canard et autres foies-gras, je ne vous dis que ça ; soixante ans et des au début des années 50 – alors que Blagnac était encore un village d’horticulteurs spécialisés dans la carotte de sable – et dont les lettres à ma mère étaient elles aussi un régal : de superbes anglaises avec pleins et déliés à la plume « Sergent-Major », une orthographe impeccable et de délicieux archaïsmes de langage devant lesquels un Voltaire n’eût certes pas renâclé.
    Autres temps, autres mœurs.
    Pour en revenir à nos chers zélus, il gît tout de même quelques suggestions intéressantes dans le « courrier d’électeurs » en annexe de l’article du Parisien (qui n’est plus « Libéré » depuis un bon moment, me semble-t-il. Aveu significatif, non ?) ; notamment celle d’autoriser le cumul de certains mandats (poste ?) tout en limitant à une seule les indemnités. Et je propose en outre une disposition qui permettrait de se faire immédiatement une idée précise du degré de désintéressement de nos élites : leur laisser le libre choix de l’indemnité à laquelle ils aspireraient. Il me semble que ceux qui exigeraient tout de suite la plus élevée nous livreraient ainsi une image significative de leur degré d’altruisme…
    Cependant, je connais tout de même quelques maires de régions rurales qui ne comptent pas les heures au service de leur municipalité… tout en continuant d’exercer un métier pour survivre, quand ils ne sont pas capitaine des pompiers (bénévoles) en sus. Cependant, curieusement, ce sont ceux dont on ne parle pour ainsi dire jamais !
    Hélas, c’est là encore une espèce en voie de disparition, me semble-t-il.
    @ + !
    T.O.

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