Tout d’abord, un rappel : la Catalogne qui veut se proclamer autonome, c’est aussi la Catalogne qui se veut République, eh oui, quand l’Espagne, comme la Grande-Bretagne, la Suède, la Norvège, le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas – et la Belgique, donc ! que j’allais oublier – s’obstinent au vingt-et-unième siècle à bichonner luxueusement des bouches inutiles. Monarques d’opérette certes et bien inoffensifs, experts en inaugurations de plaques commémoratives et en défilés chamarrés dans des carrosses à bourrins… la Catalogne revendicative n’en veut plus, de ces vieilleries : qu’ils soutiennent ou pas cette volonté autonomiste – qui pose, il faut le dire, bien des problèmes et suscite des tas de courants d’air pas forcément bienvenus – les Espagnols sont ici clairement appelés à se moderniser. On comprend d’ailleurs fort bien que le roi Felipe VI tire la gueule et vilipende les Catalans autonomistes : c’est son job qui est menacé !
Et puis, tenez : “Y en a certains, au lieu de (…) foutre le bordel (…) ils feraient mieux d’aller regarder s’ils peuvent pas avoir des postes…” : c’est ainsi que notre Président s’exprimait en petit comité – mais il y avait des micros, comme quand Sarkozy lançait mezzo voce “casse toi, casse toi, pov’ con” – lors d’une visite à une usine corrézienne, où des syndicalistes de GM&S vindicatifs et bruyants étaient venus en voisins “foutre le bordel“, selon ses termes.
Et alors ? et alors on ne peut plus rien dire mezzo voce !! il y a des micros partout pour répéter, déformer, amplifier. On le sait tous (toutes-zet-tous, dirait le Président), on la pratique assidument, la trilogie MPF, “Merde Putain Féchier” est omniprésente dans le discours national, tout comme pour l’apéro c’est la trilogie PPW, “Porto Pastis Whisky (*)”. Des emblèmes nationaux, en quelque sorte. Que notre plus éminent compatriote s’y adonne, je trouve ça normal et très humain, allez, disons le, “républicain”. Evidemment, si un roi s’exprimait comme ça, on réprouverait : inadmissible, scandaleux… voyons, Emmanuel Premier, tenez-vous un peu, quel langage de charretier !! eh non, c’est monsieur Macron, le type qui loue au 55, rue du Faubourg Saint-Honoré, qui cause, là, nuance !
Tibert
(*) Tout de même, la fine à l’eau, ça vous a une autre gueule que le whisky, mais essayez donc de commander une fine à l’eau au bistrot, et observez la mimique du serveur !
… On a les présidents qu’on mérite, que ce soit de ce côté-ci de la “Grande Mare aux Canards”* ou de l’autre…
Tout de même, de Gaulle avait une façon de dire les choses aussi… percutante mais autrement plus classieuse (“la chienlit” ou “le quarteron de colonels à la retraite…” pour ne citer que les plus célèbres !)
Mais notre cher Jupicron n’a trouvé que ce moyen pour faire “peuple” et se rapprocher d’une base qui lui échappe de plus en plus : la grossièreté. Ça prouve assez l’altitude à la quelle il plafonne…
* Les Amerloques aussi ont leur Bérurier, et depuis un moment déjà. Lequel des deux sera dézingué en premier ? Les paris sont ouverts. Enfin, comme le proclamait vers 1975 une pancarte à l’effigie de Nixon lors d’une manif contre la guerre du Vietnam : “Franchement, est-ce que j’ai une gueule à me faire assassiner ?”
De Gaulle : “les Français sont des veaux”, c’était pas mal non plus – et nous nous sommes sentis visés, non ? mais Macron-Bérurier, comme vous y allez ! il y a dans le personnage san-antonien une truculence d’un autre calibre. Macron marche ici plutôt dans les traces de Sarkozy ; le dernier marshmallow / flamby, lui, excellait dans la vacherie froide – une pensée émue pour ses “sans-dents”, autrement violents que les “fouteurs de bordel” et les ‘fainéants”… mais c’est une citation apocryphe.
… En citant Béru, c’est surtout à Trumpff que je songeais : Plus Donald, le canard irascible, que lui tu meurs ; il y a du même gabarit (physique) que l’acolyte de San A. et l’art de mettre les pieds dans le plat… et de les remuer !
Mon Dieu… comment sommes-nous tombés si bas ?