( Petit train électrique qui tourne en rond sur l’écran gris neigeux ; les voitures tournicoti-tournicoton affichent les éléments d’un rébus, qu’on peut déchiffrer au passage circulaire, lent, ponctué d’une ritournelle musicale rythmée. C’est l’interlude : le bouche-trou estival, entre les bouchons aux péages et dans la vallée du Rhône, les bouchons de rosé bien glacé pour abreuver le barbecue où boucanent des merguez noirâtres – rouge de cochenille, nitrite de potassium, anti-oxydant, etc… – et trop salées, comme de bien entendu.
Le Monde, entretemps, nous régale d’un épisode de “Comment flinguer une ville” : on nous balade sur la But’Montmêrte, dans les flots de touristes, innombrables. On y fait la queue pour se faire photographier empoignant les nibards de la statue de Dalida (*), sur la place éponyme. On y fait la queue pour visiter, faire un selfie devant les alignements d’éclairs au café ou au chocolat de la boulangerie “DeLaButte” ; on suit bovinement la guide, qui explique en hébreu, en slovaque, en mandarin, en… les lieux et le tournage d’ “Amélie Poulbot” ou de “Emily in Paname” . Puis on ira faire la queue pour un tour de Montmêrte en Deudeuche décapotée, et pour l’achat incontournable d’un béret “so french” made in China. On est chez Mickey, ou pas loin. En VF, toutefois : il n’y a bien entendu pas de pissotières, ou à dose homéopathique.
Les autochtones ? ils subissent, ils endurent. On leur a piqué leurs bagnoles – la mairie n’en veut plus, c’est polluant et ça prend de la place ; les boîtes à clés “R B & B” en revanche, ça ne pollue pas, non plus que les valises à roulettes sur les pavés à 2h du mat’ et les beuglantes des touristes bourrés cherchant leur hôtel à tâtons deux heures plus tard. Considérant comme ça se passe, comme la rue Berthe concurrence la cohue infernale des Ramblas ou de la fontaine de Trevi, comme les indigènes font jouli dans le décor, couleur locale, pourquoi ne pas les rétribuer ? les tour-operators auraient leurs figurants attitrés, la Team “Fancy French Cruises” , la Team “Paris-Bollywoud” … tenues de scène parrainées par de grandes marques d’apéritifs anisés… béret-Gauloise au bec -marinière-baguette ou journal sous le bras. Une initiative gagnant-gagnant, win-win, comme ils disent. Et attendez, on n’a encore rien dit des produits dérivés.
Tibert
(*) Il paraît que ça porte chance. Impossible, hélas, de se faire son selfie tout seul, on a les deux mains prises.