Conditionnel lapsus

Un titre du Parigot, qui interroge : “La France va reconnaître l’État de Palestine en septembre : qu’est-ce que ça changerait concrètement ?” . Va reconnaître, futur ; changerait, conditionnel. On est là dans une délicate incertitude : c’est du lard, ou du cochon ? Au fil de l’article et des recherches, on apprend que 148 pays (soit les 3/4 des membres de l’ONU) ont franchi le pas, reconnu un état palestinien ; mais hélas aucun des membres du G7, le club des “gros” de l’Occident. Evidemment, la gauche s’impatiente : qu’est-ce qu’on attend, nom d’une pipe ? tandis que la droite extrême pousse des cris effarouchés. Notez que c’est le futur qui tient la corde, pour le moment : Macronibus dit vouloir faire ça en septembre. A la rentrée, quoi… ça fait partie des bonnes résolutions qui vont avec, en quelque sorte, le cahier tout neuf : “je vais faire du sport” , “j’arrête de fumer” , “je lis La montagne magique (ou L’homme sans qualités) ” , etc.

Donc la résolution de rentrée “Je reconnais (je vais reconnaître) l’état de Palestine” , une bonne initiative ? c’est une évidence, quand on a deux sous de logique, quand on clame à tout propos que LA solution, c’est celle à deux états : il faut savoir compter jusqu’à deux. Un distingué juriste international l’énonçait : « Si nous ne reconnaissons pas l’un des deux États, il ne peut y avoir de solution à deux États ». Tu l’as dit, bouffi ! Alors pourquoi attendre septembre ? hein ? ça fait déjà trois-quatre mois de perdus.

Evidemment, Netanyahou hurle que l’initiative macronienne est un encouragement au terrorisme, rejoignant ainsi Poutine et sa “menace ukrainienne” : inversion cynique. Reste que tout a été fait, depuis des décennies, par les diverses parties prenantes, pour empêcher que le fameux schéma à deux états puisse fonctionner ; les uns voulant absolument supprimer l’état hébreu ; en face, organisant en dominateur la mainmise, le noyautage, le mitage consciencieux et réfléchi des zones habitées par les autochtones, sous un contrôle étouffant et meurtrier. Bref c’est mal emmanché ? on peut le dire. Mais comme disait l’autre, il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre. Allez, Grand-Chef aux rouflaquettes, encore un effort : on va peut-être se découvrir une colonne vertébrale.

Tibert

PS – Rendons à César son dû, et rappelons la désastreuse mise en place de l’état israélien, entre, disons, la Déclaration Balfour de 1917 et la fin des années 40. Les Britanniques ont largement merdé, si vous me passez l’expression ; à moins que – ne les sous-estimons pas – ç’ait été le fruit de tortueux calculs. Mais quel succès !

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